Publié le 6 juil. 2016 à 101Mis à jour le 6 août 2019 à 000Plus connu sous le nom de Tarzan, lord Greystoke est un sujet britannique élevé par les grands singes quelque part en Afrique. Son véritable créateur est néanmoins américain. L'écrivain Edgar Rice Burroughs a inventé le personnage en 1912 à Chicago. Tarzan appartient donc à la fois aux ténèbres de la jungle et aux couleurs de la pop culture, au monde des romans de gare et des comics. Victime de son époque, cette 46e relecture tente de rapprocher l'homme-singe de ses origines sans y BelgesLe film commence là où la plupart des adaptations s'arrêtent. Tarzan a quitté la jungle. Marié à Jane, il vit désormais en Angleterre une existence paisible d'aristocrate victorien. Lorsque les Belges lui proposent de visiter le Congo, notre héros commence par refuser. Cependant, un diplomate américain le convainc d'accepter. Il compte en effet prouver que les Belges se livrent à l'esclavagisme et il a besoin de Tarzan pour témoigner. En retrouvant la forêt vierge, Tarzan ignore qu'il est tombé dans un piège. Contre des diamants, les méchants Belges entendent le livrer à son pire ennemi, un redoutable chef de guerre africain. Mais la jungle va retrouver son roi, comme le promet l'affiche du revient à Alexander Skarsgård de reprendre un rôle rendu mythique par Johnny Weissmuller en 1932. Dans un noir et blanc étincelant, l'ancien champion de natation sculptait de ses muscles huilés l'une des plus puissantes icônes érotiques masculines du cinéma. Car Tarzan est d'abord cet homme sublime qui n'a jamais connu de femme et qui se balance entre les arbres vêtu de deux peaux de bête à Jane, jouée à l'époque par Maureen O'Hara, elle portait généralement une légère brassière de soie soigneusement déchirée par les branchages. En 1934, dans Tarzan et sa compagne », on l'a même vu nager entièrement nue dans un lagon. L'audace des aventures de Tarzan précipitera l'instauration du célèbre code Hays, qui, jusqu'en 1966, légiférera sévèrement ce qui peut être montré à l' 1983, dans Greystoke, la légende de Tarzan », Christophe Lambert et Andie MacDowell ne déméritaient pas. Le Tarzan du XXIe siècle restera, lui, l'emblème d'un cinéma populaire retombé dans la pudibonderie. L'homme-singe exhibe des abdos de surfeur photoshopé, mais il n'ose pas ôter son pantalon. Et Jane, jouée par l'actrice du Loup de Wall Street », Margot Robbie, ne quittera jamais sa robe digitalePrivé de son sex-appeal animal, que reste-t-il de l'icône ? La production pouvait insister avec humour sur l'aspect désuet du personnage ou au contraire s'employer à le moderniser. Réalisateur de quatre Harry Potter », David Yates a préféré ne pas choisir. Emballé dans une jungle en images digitales, son film hésite constamment entre la dérision et le sérieux. Puis il finit par lasser à force de ruptures de estival taillé pour le succès, Tarzan » reflète l'impasse artistique des superproductions actuelles pour capter un large public international et plaire au plus grand nombre, ces films corsetés n'osent plus rien exprimer ou montrer. La violence est constante, mais le sang n'est jamais visible à l'écran. Les corps sont sublimés par l'informatique, mais ils restent habillés. Les expressions de peur, de désir, de désespoir, d'amour... s'évaporent au profit de mimiques figées, fabriquées par des comédiens cinéma qui garde le bas ne sait plus filmer Tarzan, le plus fougueux des héros. Celui qui bondissait de liane en liane, pour incarner, aux yeux du public émerveillé, l'animalité, la sensualité... et surtout la liberté.