François ROUSTANG 1923-2016Hypnos en grec signifie sommeil. De quel sommeil sâagirait-il lorsque lâĂ©tat dâhypnose est rĂ©alisĂ© ? De la mise en veilleuse de la conscience claire et distincte que lâon peut nommer aussi conscience consciente ou esprit conscient au profit de lâĂ©veil dâune conscience conscience est dite consciente conscious awareness dans la mesure oĂč elle est restreinte, car elle ne peut porter son attention quâĂ un nombre limitĂ© dâ conscience est dite inconsciente unconscious awareness dans la mesure oĂč elle supporte la totalitĂ© des souvenirs, des perceptions des sens externes et internes, des rĂ©sultats et des possibilitĂ©s dâapprentissage. Ces Ă©lĂ©ments sont trop nombreux â ils sont infinis â pour ĂȘtre distinguĂ©s par la conscience consciente elle sâen trouve donc conscience inconsciente qui supporte ce grand nombre peut ĂȘtre identifiĂ©e Ă la totalitĂ© de la personne incarnĂ©e, donc au corps vivant en tant quâil est esprit. Cette conscience inconsciente pourrait tout aussi bien ĂȘtre appelĂ©e vigilance vigilance restreinte et vigilance gĂ©nĂ©ralisĂ©e, il existe tous les degrĂ©s possibles de vigilance. Ce qui pourrait faire comprendre que lâon dĂ©finisse lâhypnose comme un Ă©tat modifiĂ© de conscience. Encore faudrait-il souligner quâil ne sâagit plus de la conscience proprement dite Ă laquelle se rĂ©fĂšre le sens de lâhypnose est le passage de la vigilance restreinte Ă la vigilance gĂ©nĂ©ralisĂ©e. Ce passage qui est toujours le fruit dâun accord ou dâune dĂ©cision du patient, est favorisĂ© par diverses techniques fixation du regard, attention portĂ©e aux diffĂ©rentes parties du corps, confusion, etc. et par lâĂ©tat de vigilance gĂ©nĂ©ralisĂ©e dans lequel se trouve le thĂ©rapeute. Câest par ces techniques et par cet Ă©tat que le thĂ©rapeute peut ĂȘtre dit user de suggestion. Le pouvoir du thĂ©rapeute a donc pour fondation la largeur et lâintensitĂ© de sa veille gĂ©nĂ©ralisĂ©e. LĂ oĂč les modifications opĂ©rĂ©es par lâexercice de lâhypnose peuvent ĂȘtre comprises comme la transformation de la rigiditĂ© des habitudes, enregistrĂ©es par lâesprit conscient, en souplesse et fluiditĂ© grĂące Ă lâexpĂ©rience de la complexitĂ© et de la force de la vigilance inconscient met Ă la disposition du patient les nouvelles possibilitĂ©s et capacitĂ©s qui vont lui permettre de cette perspective, il est facile dâadmettre que lâhypnose puisse ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme mĂ©dicale. Elle est en effet capable de guĂ©rir certains troubles ou comportements nocifs contrĂŽle de la douleur, addictions, difficultĂ©s alimentaires, dysfonctionnements psychiques ou psycho-somatiques. Quelquâun, par exemple, voudrait bien ne plus fumer. Son passage par la vigilance gĂ©nĂ©ralisĂ©e lui permettra dâune part de mesurer et dâapprofondir le degrĂ© de sa dĂ©termination, dâautre part de prendre appui sur des forces et des intĂ©rĂȘts nouveaux quâil ne soupçonnait pas et qui rendent dĂ©risoire en comparaison le plaisir de la cigarette. Lâhypnose guĂ©rit alors parce que, modifiant le contexte dâune habitude, elle en dĂ©truit le est aussi mĂ©dicale, au sens traditionnel du terme, car elle est une maniĂšre privilĂ©giĂ©e de dĂ©velopper certains aspects de cette pratique la prĂ©sence du mĂ©decin, son attention au patient, lâĂ©change entre patient et mĂ©decin. On sait que ces traits constituent le premier remĂšde et rendent possible lâefficacitĂ© des autres lire Ă©galement Il suffit dâun geste » de François Roustang, Editions Odile Jacob, LâHypnose MĂ©dicale » 2003 sous la direction du Dr J-Marc Benhaiem, Editions Med-Line LâHypnose aujourdâhui » 2005 sous la direction du Dr J-Marc Benhaiem, Editions In-Press Oubliez le tabac! » 2005 du Dr J-Marc Benhaiem, Editions Albin Michel LâHypnose qui soigne » 2006 du Dr J-Marc Benhaiem, Editions Josette Lyon Savoir attendre » 2006 de François Roustang, Editions Odile Jacob Enfin je maigris » 2008 du Dr J-Marc Benhaiem, Editiond Albin Michel Le secret de Socrate » 2009 de François Roustang, Editions Odile Jacob LâHypnose ou les portes de la guĂ©rison » 2012 du Dr J-Marc Benhaiem Le guide de lâHypnose » 2015 sous la direction du Dr J-Marc Benhaiem, Editions In-Press Zen et Hypnose » 2016 du Dr J-Marc Benhaiem, photos Harry Benhaiem, Editions de La MartiniĂšre Hypnose-toi Toi-MĂȘme! » 2019 du Dr J-Marc Benhaiem, Editions Flammarion ArrĂȘter de fumer sans se prendre la tĂȘte» 2021 coffret CD du Dr J-Marc Benhaiem, Editions FirstLinconscient . Les enjeux de la notion â une premiĂšre dĂ©finition . Si lâon affirme quâil y a en nous des dĂ©sirs, des impulsions, des mĂ©canismes qui nous sont inconnus et inaccessibles car fondamentalement Ă©trangers Ă notre conscience, alors câest le projet mĂȘme des philosophies de la conscience qui se trouve profondĂ©ment remis en question. Car le prĂ©supposĂ© fondamental
RĂ©sumĂ©s Le plan de Catholicisme une gageure ? Sans majorer la difficultĂ©, la lecture de plusieurs travaux sur lâĆuvre inaugurale dâHenri de Lubac montre quâil nâest pas aisĂ© dâen saisir toute la signification. Son auteur tĂ©moigne lui-mĂȘme dâun flottement apparent dans la maniĂšre dâĂ©voquer les trois caractĂšres du dogme chrĂ©tien social, historique et personnel. En sâappuyant sur des publications postĂ©rieures du jĂ©suite, cette Ă©tude propose une nouvelle maniĂšre de rendre compte de lâagencement tripartite de lâouvrage. Il sâagit, par lĂ , dâhonorer la place essentielle accordĂ©e Ă la question de lâunitĂ© ainsi que de repĂ©rer les fondations principales pour une intelligence du christianisme. The plan of Catholicism a challenge? Without exaggerating the difficulty, the study of several works devoted to Henri de Lubacâs inaugural work show that it is not easy to grasp all of its meaning. Its author avows himself to some apparent hesitations in the way of presenting the three dimensions of the Christian dogma social, historical and personal. Based on the Jesuitâs later works, this article proposes a new way of accounting for the tripartite structure of this work. The idea is to honour the essential place accorded to the question of unity, as well as to identify the principal foundations for the understanding of de page EntrĂ©es d'index Haut de page DĂ©dicaceAu PĂšre Georges Chantraine, 1932-2010 Texte intĂ©gral 1 von Balthasar, Catholique, coll. Communio, Paris, Fayard, 1976, p. III. Autre exemple M ... 2 Les actes du colloque sont rassemblĂ©s dans Henri de Lubac lâĂglise dans lâhistoire », Communio ... 1La vaste Ćuvre thĂ©ologique du PĂšre Henri de Lubac 1896-1991 a trouvĂ© dans Catholicisme 1938 un porche inaugural majeur. Cette premiĂšre publication, pour beaucoup, fut accueillie avec enthousiasme. Balthasar, par exemple, la reçut comme signe dâune percĂ©e pour la pensĂ©e catholique1 ». De nombreuses Ă©tudes se sont ainsi attardĂ©es sur ces pages elles permettent de comprendre plusieurs caractĂ©ristiques du mouvement thĂ©ologique du xxe siĂšcle. Dâune certaine maniĂšre, nous pourrions donc dire que câest un livre connu. Le 70e anniversaire de sa parution fut dâailleurs lâoccasion dâune journĂ©e dâĂ©tude, chaque contribution illustrant le fait que ce livre inaugure en quelque sorte une maniĂšre nouvelle de faire de la thĂ©ologie2 ». 3 L. Villemin, FĂ©conditĂ© ecclĂ©siologique », Communio 33/ 5 2008, p. 104. 4 Ă. de Moulins-Beaufort, âĂ plusieurs un seul corpsâ. Les dimensions eucharistiques de lâunitĂ© sel ... 2Au cours de cette journĂ©e, Laurent Villemin posait une question cruciale comment tenir ensemble âle caractĂšre Ă la fois social, historique et intĂ©rieur du christianismeâ3 ? » Cette Ă©vocation sâappuie sur la dĂ©signation des trois parties de Catholicisme, telles que son auteur les prĂ©sente. Quoique bien repĂ©rĂ©e, cette triple caractĂ©ristique du dogme chrĂ©tien social, historique et personnel mĂ©rite pourtant de sây attarder Ă nouveau. Dâune part, en effet, la lecture de commentaires montre que cette articulation nâest pas toujours honorĂ©e. Dâautre part, nous croyons quâelle recĂšle plusieurs principes importants pour lâinterprĂ©tation de la thĂ©ologie lubacienne. Car celle-ci tourne essentiellement autour de la question de lâunitĂ©. Ăric de Moulins-Beaufort le soulignait rĂ©cemment les travaux du PĂšre de Lubac ont grandement contribuĂ© Ă remettre lâunitĂ© au premier plan de la conscience chrĂ©tienne ». Ă tel point que cette perspective essentielle peut ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme le fonds mĂ©taphysique de ⊠Catholicisme4 ». En interrogeant le plan de lâouvrage, nous voudrions donc aider Ă redĂ©couvrir comment le thĂ©ologien jĂ©suite rend compte du mystĂšre dâunitĂ© vers lequel tend toute lâexistence et de quelle maniĂšre lâintelligence peut en rendre compte. 3Nous verrons, dans un premier temps, comment Lubac aborde la question de lâunitĂ©. Nous manierons ainsi certains de ses concepts favoris, dont celui du paradoxe. Ensuite, nous ferons Ă©cho aux difficultĂ©s dâinterprĂ©tation de lâarchitecture de Catholicisme ; son propre auteur invite, peut-ĂȘtre inconsciemment, Ă ne pas passer trop vite sur cette question. En dernier lieu, nous proposerons un nouvel axe de lecture que la confrontation Ă dâautres Ă©tudes viendra enrichir. Lâenjeu de ces lignes est donc double dâun point de vue factuel, il sâagit de reprendre la question du plan dâun ouvrage essentiel de Lubac. Mais, Ă travers cela, il sâagit surtout de saisir son approche du mystĂšre de lâunitĂ© tel que le christianisme invite Ă le vivre. 1. Lubac, thĂ©ologien de lâunitĂ© 4Le choix primordial de notre auteur dâĆuvrer au service de lâunitĂ© ne trouve pas toujours Ă©cho chez ses lecteurs. Ce souci constant conduira certains, nĂ©anmoins, Ă lâimpression que les travaux lubaciens masquent souvent les oppositions inhĂ©rentes Ă notre existence au profit de rapprochements trop hĂątifs. Une telle apprĂ©ciation est pourtant inadaptĂ©e, empĂȘchant de comprendre le terrain sur lequel se situe Lubac et, en consĂ©quence, les outils quâil se donne pour Ă©chafauder sa rĂ©flexion. 5 J. Maritain, Distinguer pour unir ou les degrĂ©s du savoir, Paris, 1932. 6 H. de Lubac, Catholicisme. Les aspects sociaux du dogme, Ćuvres complĂštes, t. 7, Paris, Cerf, p. 28 ... 7 H. de Lubac, Augustinisme et thĂ©ologie moderne, Ćuvres complĂštes, t. 13, Paris, Cerf, 2008, p. XXIV ... 5Pour lui, quoique lâexpĂ©rience confronte effectivement Ă de multitudes oppositions, lâunitĂ© demeure toujours premiĂšre unitĂ© du genre humain, notamment ; unitĂ©, dĂšs lors, de tout ce qui est relatif Ă la personne. DâoĂč le renversement de la formule bien connue de Jacques Maritain Distinguer pour unir5 ». Le conseil est excellent, reconnaĂźt Lubac, mais sur le plan ontologique la formule complĂ©mentaire ne sâimpose pas avec moins de force unir pour distinguer6 ». Pour notre auteur, la valorisation des caractĂ©ristiques individuelles ne peut se faire efficacement quâen fonction dâune harmonie prĂ©alablement dĂ©signĂ©e, qui doit orienter toute lâanalyse. On perçoit son approche particuliĂšre dans cette formule distinguer les deux Ă©lĂ©ments pour les unir, les unir pour les distinguer, manifester leur distinction prĂ©cisĂ©ment Ă lâintĂ©rieur de leur union7 ». 8 Parmi les trĂšs nombreux travaux sur le paradoxe lubacien, on peut se rĂ©fĂ©rer Ă V. Franco Gomes, Le ... 6Cette interprĂ©tation du mystĂšre de lâĂȘtre trouve dans le paradoxe lâoutil rĂ©flexif le plus adĂ©quat. Ă cause de la fonction quâil lui attribue, il est impossible de passer Ă cĂŽtĂ© de cet aspect de la pensĂ©e du jĂ©suite8. Le paradoxe est le schĂšme permettant de situer les oppositions Ă lâintĂ©rieur dâune rĂ©alitĂ© unifiĂ©e qui intĂšgre leur valeur singuliĂšre. Le rapport entre ancienne et nouvelle Alliance est lâexemple par excellence de cette logique paradoxale la RĂ©vĂ©lation est unique et profondĂ©ment unifiĂ©e ; mais elle se dĂ©ploie Ă travers deux lois qui, dâun point de vue formel, sâopposent. Un passage dâExĂ©gĂšse mĂ©diĂ©vale aidera Ă apprĂ©cier cette orientation fondatrice 9 H. de Lubac, ExĂ©gĂšse mĂ©diĂ©vale. Les quatre sens de lâĂcriture, t. 1, coll. ThĂ©ologie, 41, Paris, ... Un tel accord [entre les deux Testaments] est quelque chose dâunique, dont aucun exemple ne rendrait exactement compte, quoique le vocabulaire dans lequel on le dĂ©finit soit empruntĂ© Ă la musique et quâil en reçoive certains Ă©claircissements. Ce nâest pas lâaccord dâun simple parallĂ©lisme, ni dâune simple hiĂ©rarchie, mais dâune vĂ©ritable unitĂ©. Mais une telle unitĂ© nâest pas davantage confusion. Il sâagit de consonance, câest-Ă -dire dâune harmonie rĂ©alisĂ©e par convergence entre choses dâabord dissemblables et reconnues telles ; dâune paix merveilleuse, Ă©tablie Ă la suite dâune guerre au moins apparente ; dâune symphonie, vocum disparium inter se dulcis concetus. Il sâagit, entre les deux parties du Livre, dâune co-aption rigoureuse ; dâun agencement organique et dâune correspondance sans dĂ©faut9. 10 H. de Lubac, Paradoxes, Ćuvres complĂštes, t. 31, Paris, Cerf, 1999, p. 71-72. Rappelons cette sĂ©rie ... 11 H. de Lubac, Surnaturel. Ătudes historiques, Paris, Lethielleux â 2010, p. 484. 7Tout au long de ses travaux, Lubac rendra compte de nombreuses antinomies dont les deux Testaments sont un archĂ©type. Le paradoxe, Ă©crivait-il, est partout dans le rĂ©el, avant dâĂȘtre dans la pensĂ©e. Il y est partout Ă demeure. Il y renaĂźt toujours. Lâunivers lui-mĂȘme, notre univers en devenir, est paradoxal10 ». Il est bien des cas, dĂšs lors, oĂč le paradoxe est signe nĂ©cessaire de vĂ©ritĂ©11 ». Cependant, pour que cette vĂ©ritĂ© soit pleinement honorĂ©e, il faut intĂ©grer le paradoxe dans un cadre conceptuel plus large encore. Ă notre connaissance, notre auteur ne dĂ©finit jamais ce passage explicitement ; la prise en compte de lâensemble de son Ćuvre y conduit pourtant nĂ©cessairement. 8Ă lâintĂ©rieur dâune unitĂ© ontologique, lâopposition paradoxale sâĂ©claircit grĂące Ă un autre principe dâintelligence du rĂ©el la corrĂ©lation radicale ». Cette expression se rĂ©fĂšre au jeu dâopposition caractĂ©ristique du paradoxe. Mais celui-ci est prolongĂ© ; car lâidĂ©e de corrĂ©lation souligne plus spĂ©cifiquement lâintĂ©rioritĂ© mutuelle des rĂ©alitĂ©s opposĂ©es, aucune dâentre elles ne pouvant se dĂ©finir isolĂ©ment. Lubac le repĂšre Ă propos de la vie de lâĂglise 12 H. de Lubac, Les Ăglises particuliĂšres dans lâĂglise universelle, Paris, Aubier-Montaigne, 1971, p. ... Puisquâil y a intĂ©rioritĂ© ou inclusion mutuelle, il y a corrĂ©lation radicale, si bien quâil ne suffirait pas de dire que les Ăglises particuliĂšres ont Ă ĂȘtre insĂ©rĂ©es dans lâĂglise universelle elles le sont par leur existence mĂȘme. Aussi lâĂglise universelle nâest-elle point une dâune unitĂ© fĂ©dĂ©rative » ⊠elle est lâĂ©pouse du Christ. Son unitĂ© est organique et mystique »12. 13 H. de Lubac, MĂ©moire sur lâoccasion de mes Ă©crits, Ćuvres complĂštes, t. 33, Paris, Cerf, 2006, p. 1 ... 14 Dans sa thĂšse, Bertrand Dumas a mis en avant lâindispensable fonction de lâintelligence des Ăcritur ... 15 Bien des exemples de cette logique pourraient ĂȘtre relevĂ©s dans les travaux lubaciens, notamment se ... 9Quoiquâon trouve plusieurs anticipations de lâidĂ©e de corrĂ©lation, il faudra attendre 1971 pour quâune courte Ă©tude ecclĂ©siologique en rĂ©vĂšle lâimportance. Catholicisme et Les Ăglises particuliĂšres dans lâĂglise universelle, de ce fait, fonctionnent en systĂšme le premier expose le principe dâunitĂ© propre au christianisme ; le second en montre une rĂ©alisation concrĂšte. Par la rĂ©daction de ce dernier, avouera son auteur, jâabordais pour la premiĂšre fois directement le terrain des institutions13 ». En sâimmisçant Ă lâintĂ©rieur de la vie de lâĂglise, un aspect significatif de son mode dâexistence apparaĂźt ainsi. Sur ce terrain nouveau, le principe du paradoxe prend alors une nouvelle dimension ; il ne sâagit pas dâinterprĂ©ter le rĂ©el Ă travers la seule confrontation dâĂ©lĂ©ments antagonistes la fĂ©conditĂ© de cette opposition est Ă prĂ©sent mĂ©diatisĂ©e par un troisiĂšme terme qui assure leur mutuelle rencontre14. Tout comme lâarticulation entre les Ăglises particuliĂšres et lâĂglise universelle requiert le service dâun centre », lâĂglise de Rome, chaque paradoxe suppose une entitĂ© concrĂšte Ă lâintĂ©rieur de laquelle peuvent se rencontrer les Ă©lĂ©ments antagonistes15. 16 G. Chantraine, La âcorrĂ©lation radicaleâ des Ăglises particuliĂšres et de lâĂglise universelle che ... 17 G. Chantraine â Lemaire., Henri de Lubac, t. 4 Concile et aprĂšs-Concile 1960-1991, coll. ... 10Il y aurait Ă©videmment bien plus Ă dire sur cette logique, dont Georges Chantraine dira quâ Henri de Lubac sâ[y] rĂ©fĂšre du dĂ©but Ă la fin de son Ćuvre16 ». En effet, elle nâa quasiment jamais Ă©tĂ© prise en compte nul, Ă notre connaissance, Ă©crivait encore Chantraine, nâa rĂ©flĂ©chi sur la âcorrĂ©lation radicaleâ entre Ăglises particuliĂšres et Ăglise universelle17 ». Dans le cadre de cet article, nous pouvons nous en tenir Ă relever ces deux points dâune part, le principe du paradoxe est entiĂšrement relatif Ă une vision unifiĂ©e de la rĂ©alitĂ© ; dâautre part, la fĂ©conditĂ© du paradoxe lubacien se dĂ©ploie, dans le cadre de la corrĂ©lation radicale, au moyen dâun pĂŽle central indispensable. Nous allons voir, Ă prĂ©sent, que cette logique est nĂ©cessaire pour interprĂ©ter la perspective dâensemble de Catholicisme. 2. Comment interprĂ©ter Catholicisme ? 18 Villemin, FĂ©conditĂ© ecclĂ©siologique⊠», p. 104. Cette lecture, trop rapide, conduit Ă une reprise ... 11Si la question de Laurent Villemin relevĂ©e plus tĂŽt dĂ©signait le cĆur de notre recherche, une autre de ses rĂ©flexions va indiquer un lieu de difficultĂ© significatif. Pour lui, lâ antinomie » entre personne » et sociĂ©tĂ© » ne fut ⊠jamais [Ă©levĂ©e] au rang de paradoxe18 ». Cette remarque pourra surprendre elle invite Ă sâintĂ©resser de prĂšs au vocabulaire de Lubac et Ă la logique fondamentale ainsi traduite. Ceci Ă©tant, nous verrons que le jĂ©suite nâest lui-mĂȘme pas toujours trĂšs explicite. a. Lâapparent morcellement du travail lubacien 19 Lettre de Lubac Ă G. Fessard, du 23 mars 1938. CitĂ©e par J. Stern, PrĂ©sentation » Ă H. de Lubac, ... 20 Catholicisme met au jour des suspicions dĂ©jĂ anciennes Ă lâendroit de son auteur. DĂšs le temps du s ... 12 Mon bouquin ne vaudra pas grand-chose, et je ne mây suis guĂšre intĂ©ressĂ© que mĂ©diocrement. Si les circonstances sây prĂȘtaient, jâaimerais me mettre, dans quelques mois, Ă quelque travail plus sĂ©rieux19 ». Tel Ă©tait le jugement posĂ© par Lubac sur sa premiĂšre publication en replaçant ces mots dans leur contexte, on peut comprendre la distance du jĂ©suite par rapport Ă son propre travail20. 21 H. de Lubac, MĂ©moireâŠ, p. 25. 22 J. Stern, PrĂ©sentation » Ă H. de Lubac, CatholicismeâŠ, p. II. 13Pour autant, cette rĂ©serve trouvera un Ă©cho bien plus tard mon premier livre fut Catholicisme 1938. Il est fait de piĂšces et de morceaux, dâabord indĂ©pendants, cousus tant bien que mal en trois parties, sans aucun plan prĂ©conçu21 ». Peu de commentaires reprennent cette ouverture du deuxiĂšme chapitre du MĂ©moire 1989, tĂ©moignage souvent balayĂ© pour mettre en valeur lâhumilitĂ© de son auteur, quand ce nâest pas son humour. Câest lĂ une boutade », Ă©crit le PĂšre Stern22. Mais le recoupement entre le jugement des annĂ©es quarante et celui des annĂ©es quatre-vingts ne saurait ĂȘtre trop vite traitĂ©. Dâun bout Ă lâautre de la chaĂźne, nous rencontrons plutĂŽt une mĂȘme rĂ©serve qui devrait interpeller. 23 Congar, Sainte Ăglise. Ătudes et approches ecclĂ©siologiques, coll. Unam Sanctam, 41, Paris, ... 24 Wagner, Henri de Lubac, coll. Initiations aux thĂ©ologiens, Paris, Cerf, 2007, p. 154. 14Le PĂšre Congar, Ă cet Ă©gard, nâavait-il pas raison dâindiquer que, Ă parcourir le volume, on peut avoir lâimpression dâun certain manque dâunitĂ© »23 ? Jean-Pierre Wagner, Ă son tour, fera remarquer que lâargumentation thĂ©ologique de Catholicisme est complexe, les thĂšmes abordĂ©s Ă©tant trĂšs nombreux24 ». 25 Lubac, MĂ©moireâŠ, p. 25-26. 15ReconnaĂźtre lâindĂ©niable valeur de lâouvrage, en rĂ©alitĂ©, ne devrait pas ignorer la difficultĂ© dâinterprĂ©tation de lâensemble. Au reste, Lubac encourage une telle analyse Catholicisme rĂ©pondait sans doute âĂ lâair du tempsâ. Emmanuel Mounier aimait y trouver une base doctrinale pour sa ârĂ©volution personnaliste et communautaireâ beaucoup, depuis lors, ont bien oubliĂ© la premiĂšre des deux Ă©pithĂštes !. Aussi lâouvrage a-t-il Ă©tĂ© souvent citĂ©. Mais souvent on sâen est tenu Ă sa premiĂšre partie, ce qui a pu contribuer Ă en fausser la signification25 ». Ce livre a donc une signification ; son organisation tripartite, pour involontaire quâelle fĂ»t, devrait en rendre compte. Il y a donc lieu de sâattarder au mouvement interne de cette Ćuvre. Nous le ferons, dans un premier temps, en mesurant les hĂ©sitations dont plusieurs commentaires conservent la trace. b. Les limites dâune interprĂ©tation spatiale » de Catholicisme 26 Reprenons ce passage-clĂ© dans sa totalitĂ© Le dilemme [de lâunitĂ©] ne peut ĂȘtre complĂštement sur ... 16Bien des prĂ©sentations de lâouvrage montreront que lâinsatisfaction du jĂ©suite Ă©tait autant prophĂ©tique que rĂ©trospectif Catholicisme se dĂ©robe aisĂ©ment Ă une saisie dâensemble. Comme si lâ aperception rĂ©elle » recommandĂ©e au terme de lâouvrage, pour saisi[r] dâun seul regard ⊠le lien du personnel et de lâuniversel », trouvait dans lâagencement global de son travail une illustration singuliĂšre. Et pour cause lâidĂ©e de lâunitĂ©, rappelait notre auteur, nâest pas lâunitĂ© mĂȘme » ; le simple rapprochement entre plusieurs Ă©lĂ©ments ne suffit pas. Pour comprendre intĂ©gralement Catholicisme, il faudrait donc appliquer le principe posĂ© par son auteur, condition nĂ©cessaire permettant cette aperception » elle doit se rĂ©aliser, disait-il, hors de toute intuition spatiale26 ». 27 Lâun des prĂ©jugĂ©s les plus enracinĂ©s contre la religion catholique est quâelle ⊠nâoffre plus u ... 17Le point dâachoppement de ce travail se situe dans lâarticulation entre les deux premiers moments entre le caractĂšre social » et le caractĂšre historique » du dogme chrĂ©tien. Par voie de consĂ©quence, il sâagit de comprendre la position du caractĂšre personnel » du dogme, troisiĂšme partie de lâĆuvre. Si Lubac dĂ©plorait que la premiĂšre, seule, fĂ»t rĂ©guliĂšrement extraite de lâensemble, il faut discerner une rĂ©percussion spontanĂ©e des mentalitĂ©s ou orientations gĂ©nĂ©rales de la pensĂ©e de ses contemporains27. Lâaspiration Ă penser le social », Ă en ouvrir une nouvelle voie de rĂ©alisation Ă©tait, dans lâentre-deux-guerres, un souci permanent. NĂ©anmoins, pour ce qui touche Ă lâintĂ©gration proprement dite de lâouvrage, ses lecteurs sont gĂ©nĂ©ralement arrĂȘtĂ©s par les deux premiĂšres parties le caractĂšre social ou historique du dogme. Quelques exemples suffiront Ă le voir. 18Balthasar, dont nous avons rappelĂ© lâimportance dans la rĂ©ception de ce volume, est aussi un bon tĂ©moin de cette ambiguĂŻtĂ© 28 von Balthasar â G. Chantraine, Le cardinal Henri de Lubac. Lâhomme et son Ćuvre, coll. Le sy ... Au dĂ©but se prĂ©sente Catholicisme 1938 âŠ. Trois parties les deux premiĂšres exposent les deux traits majeurs de la rĂ©alitĂ© catholique 1. la dimension sociale » entendons la solidaritĂ© universelle en fait de salut de lâhumanitĂ© ; 2. la dimension historique » la signification de la temporalitĂ© et de lâhistoire. Elles sont complĂ©tĂ©es par une troisiĂšme partie, qui montre dâabord lâactualitĂ© des exposĂ©s prĂ©cĂ©dents âŠ, puis la dialectique qui joue nĂ©cessairement entre personne et communautĂ© ch. 11, entre salut immanent et salut transcendant ch. 1228. 29 von Balthasar â G. Chantraine, Le cardinalâŠ, p. 67. 30 A. Russo, Henri de Lubac. Bibliographie, Paris, Brepols, 1997, p. 85. von Balthasar â G. Chan ... 31 Wagner, Henri de LubacâŠ, p. 157. 32 Ă. de Moulins-Beaufort, ActualitĂ© paradoxale de Catholicisme », Communio 33/5 2008, p. 89. 19Balthasar fait ainsi se rĂ©pondre directement le social » et lâ historique ». DĂšs lors, la troisiĂšme partie de lâouvrage apparaĂźt comme une reprise mĂ©thodologique de ce qui prĂ©cĂšde ; pour cette raison, le chapitre 10 pourrait se placer au dĂ©but, comme une introduction Ă lâouvrage29 » ; suggestion que reprendra Russo la troisiĂšme [partie] ⊠intĂšgre les prĂ©cĂ©dentes et comprend un chapitre âŠ, pouvant ĂȘtre considĂ©rĂ© comme une introduction gĂ©nĂ©rale Ă tout le volume et donc, placĂ© au dĂ©but30 ». Dans un mĂȘme ordre dâidĂ©e, Wagner faisait remarquer que la troisiĂšme partie commence par un chapitre au titre prĂ©cis ouvrant tout un programme âLa situation prĂ©senteâ31 ». Plus rĂ©cemment, Moulins-Beaufort sâinterrogeait sur une particularitĂ© du plan de Catholicisme ». Constatant que son auteur nâexpose quâen troisiĂšme partie le lieu dâorigine de lâindividualisme, il interroge pourquoi ce diagnostic vient-il si tard ? Parce quâil lui [Lubac] importe peu de dĂ©signer un mal auquel tous participent ; il essaie de donner le goĂ»t de lâunitĂ© Ă laquelle Dieu nous appelle et dans laquelle seulement notre humanitĂ© Ă chacun peut sâĂ©panouir vraiment32 ». 20Ces Ă©tudes montrent deux choses dâune part, saisir la perspective dâensemble de lâĆuvre demande une attention prĂ©cise aux expressions employĂ©es par lâauteur. On ne sera jamais trop prudent en pesant chacune de ses formules. Dâautre part, alors que le lien entre les deux premiĂšres parties sâimpose, lâintĂ©gration de la troisiĂšme complique lâanalyse est-ce une reprise mĂ©thodologique, Ă lâimage de son chapitre 10 ? Ou y a-t-il une autre intention ? 33 P. Vallin, Catholicisme le P. de Lubac au seuil dâune Ćuvre », ThĂ©ophilyon 9/3 2004, p. 70. 34 A. Russo, LâidĂ©e de solidaritĂ© dans Catholicisme 1938 », 44 2013, p. 72. Mais le mĂȘme ... 35 Wagner, Henri de LubacâŠ, p. 154. 21Il y a peu, un lecteur Ă©crivait que les trois derniers chapitres de Catholicisme ont un caractĂšre assez diffĂ©rent [au regard de ceux qui prĂ©cĂšdent], mais manquent dâentrain !33 ». Russo ou Wagner ne lâentendent pas ainsi tout en reprenant lâarticulation entre les deux premiers termes, ils posent un regard diffĂ©rent sur le troisiĂšme moment de lâouvrage. Pour le premier jusque dans la troisiĂšme partie du volume, câest-Ă -dire dans les pages les plus personnalistes, et donc Ă premiĂšre vue les moins rattachables au dĂ©veloppement dâune rĂ©alitĂ© sociale, ce caractĂšre unitaire Ă©merge constamment et lâoblige [Lubac] du mĂȘme coup, Ă thĂ©matiser les rapports entre la distinction et lâunitĂ©, ou mieux, entre le personnel et lâuniversel, dans une intĂ©gration rĂ©ciproque des deux termes34 ». Pour le second lâouvrage comporte trois parties. Les deux premiĂšres honorent successivement la dimension sociale et la dimension historique du catholicisme, la troisiĂšme partie, plus soucieuse de prĂ©senter la situation thĂ©ologique prĂ©sente, sâefforce de montrer que le double caractĂšre historique et social du catholicisme nâest pas Ă comprendre dans un sens purement temporel et terrestre, mais quâil est sans cesse Ă articuler avec les autres vĂ©ritĂ©s du dogme catholique, Ă savoir la double affirmation des droits de la personne et de la transcendance35 ». 22Pour lâun et lâautre, si lâarticulation entre les deux parties initiales de Catholicisme est premiĂšre, il faut la conjuguer avec une autre rĂ©alitĂ©, dont la derniĂšre partie est lâemblĂšme. Russo parlait dâ intĂ©gration rĂ©ciproque », Wagner dâ articulation » nĂ©cessaire dans un cas comme dans lâautre, il sâagit dâhonorer les requĂȘtes de cette troisiĂšme partie. Elle nâest pas une simple reprise mĂ©thodologique » ceux mĂȘmes qui sâarrĂȘtaient plus tĂŽt sur la spĂ©cificitĂ© logique du dixiĂšme chapitre indiquent Ă©galement que lâensemble du troisiĂšme moment de lâouvrage est indispensable pour interprĂ©ter sa logique sous-jacente. Nous allons voir, cependant, que notre auteur manque Ă©galement, tout au moins en apparence, de cohĂ©rence. c. Les hĂ©sitations internes Ă Catholicisme 36 Lubac, ExĂ©gĂšse mĂ©diĂ©valeâŠ, t. 1, p. 192. 23Nous allons maintenant reprendre lâanalyse introduite par nos prĂ©dĂ©cesseurs, attribuant au PĂšre de Lubac la remarque quâil fera Ă propos de Jean Cassien 355-435, auteur de cĂ©lĂšbres Collationes. Sur la question de lâordonnancement tripartite des sens de lâĂcriture, le jĂ©suite constatait chez son devancier un certain flottement sans doute inconscient, mais qui nâen est pas moins significatif36 ». Nous pourrions retourner ce propos Ă son auteur, car Catholicisme est Ă©galement le lieu dâun certain flottement ; et sâil est Ă©galement inconscient, il nâen sera pas moins significatif. 37 En gros, lâon peut dire que lâouvrage veut montrer le caractĂšre Ă la fois social, historique et i ... 38 Villemin, FĂ©conditĂ© ecclĂ©siologique⊠», p. 104. 39 Il indique ainsi le projet de la troisiĂšme partie examiner comment le catholicisme exalte les v ... 40 Par exemple, au dĂ©but du chapitre XI mettre en relief autant que nous lâavons fait le caractĂšre ... 24Lubac parle des trois parties de Catholicisme â dont chacune est dĂ©signĂ©e par un terme caractĂ©ristique social », histoire », personnel » â comme dâune triple note »37. Et son commentateur pourra indiquer que nous tenons ici le plan vĂ©ritable de Catholicisme »38. Dans les diffĂ©rentes Ă©vocations que fait Lubac de cet agencement, lâordre des parties est pourtant souvent inversĂ©. Comme cela se produit rarement chez Lubac, on ne peut considĂ©rer ce phĂ©nomĂšne comme une simple anecdote. Nous constatons plutĂŽt une tendance gĂ©nĂ©rale et contextualisĂ©e. Ainsi, chaque fois que Lubac Ă©voque, seuls, les deux premiers Ă©lĂ©ments, nous lâentendons parler de double caractĂšre historique et social » câest le cas dĂšs lâintroduction, mais aussi tout au long de lâouvrage39. Ă lâinverse, lorsquâil Ă©voque lâensemble des trois parties, il conserve lâordonnancement initial social â historique â personnel40. Si cette trichotomie lubacienne illustre lâorganisation de lâouvrage, son auteur prend donc toute libertĂ© pour en bouleverser lâordre lorsquâil rassemble en formules serrĂ©es le double caractĂšre » du dogme chrĂ©tien. 41 H. de Lubac, Le caractĂšre⊠», p. 265. 42 Lubac, CatholicismeâŠ, p. 138. Nous soulignons. 43 H. de Lubac, La recherche dâun homme nouveau », dans Affrontements mystiques, Ćuvres complĂšte, t. ... 25Par ailleurs, que ce soit dans Catholicisme ou dans dâautres publications, Lubac perturbe davantage ce qui pouvait sembler acquis initialement. Une formulation de lâarticle de 1936, câĂ©tait encore un MystĂšre qui devait se rĂ©aliser, sâaccomplir historiquement et socialement41 », oĂč nous retrouvons lâordre inversĂ© des deux premiĂšres parties de lâarticle, sera ainsi reprise et prolongĂ©e historiquement et socialement, quoique toujours spirituellement42 ». Dans un autre texte, concernant la vision chrĂ©tienne de lâhomme, Lubac parlera Ă©galement dâun double caractĂšre dâhistoricitĂ© et dâintĂ©rioritĂ©43 » ; lĂ , semble-t-il, lâaspect social a disparu. 26Que conclure ? Si le plan matĂ©riel de Catholicisme, Ă premiĂšre vue, est limpide, Lubac ne le ressaisit pas nĂ©cessairement comme tel. Au contraire au triple caractĂšre » auquel nous pourrions nous attendre, il en substitue frĂ©quemment un double », intervertissant ses Ă©lĂ©ments constitutifs et sans ouvrir au troisiĂšme. Lâarticulation majeure de lâĆuvre, comme ce le fut bien souvent, pouvait ainsi lĂ©gitimement ĂȘtre perçue entre les deux premiers moments. Mais plusieurs interprĂštes de la thĂ©ologie lubacienne ont soulignĂ© lâimportance dâassumer lâarchitecture complĂšte de lâouvrage. Et son auteur, en premier lieu, soulignait quâune mutilation dâune des parties de Catholicisme pouvait en pervertir la signification. La question du plan de cette Ćuvre inaugurale requiert donc un effort dâanalyse. Pour que la rĂ©ponse apportĂ©e porte tout son fruit, il faut se dĂ©solidariser dâune interprĂ©tation spatiale » des Ă©lĂ©ments mis en exergue par notre auteur. Russo, Wagner ou Balthasar ont ouvert la voie ; nous aimerions prolonger leur Ă©tude. 3. Vers la reconnaissance du double regard de Catholicisme 27AprĂšs avoir prĂ©sentĂ© briĂšvement notre hypothĂšse de lecture de Catholicisme, nous la confronterons Ă trois autres approches. Si chacune dâentre elles appuiera plusieurs aspects de notre lecture, elles permettront aussi dâinstaurer en dialogue permettant de souligner deux façons diverses dâaborder la question de lâunitĂ©. a. Catholicisme une illustration singuliĂšre du paradoxe lubacien 44 Lubac, CatholicismeâŠ, p. 138. Ce passage ce situe dans le premier chapitre de la deuxiĂšme partie ... 28Pour saisir lâarchitecture dâensemble de Catholicisme, nous pouvons nous arrĂȘter sur un passage-clĂ© du chapitre 5 seul le christianisme affirme Ă la fois, indissolublement, pour lâhomme une destinĂ©e transcendante et pour lâhumanitĂ© une destinĂ©e commune ». Ă cette affirmation, il faut ajouter la suite, non moins capitale de cette destinĂ©e toute lâhistoire du monde est la prĂ©paration44 ». Notre hypothĂšse de lecture sâancre ici ; cette phrase a souvent Ă©tĂ© citĂ©e, mais il faut la faire ressortir sous le jour de la corrĂ©lation radicale » pour en saisir toute la portĂ©e. 45 Lubac en donnait dâailleurs une idĂ©e dĂšs son quatriĂšme chapitre les premiĂšres gĂ©nĂ©rations chrĂ©t ... 29Plus quâentre les deux premiĂšres parties, lâarticulation essentielle de lâouvrage est bien Ă situer entre la premiĂšre et la derniĂšre ; câest-Ă -dire entre les caractĂšres sociaux » et personnels ». Nous avons rencontrĂ© cette suggestion plus tĂŽt45. Mais il faut ajouter un Ă©lĂ©ment sâil y a corrĂ©lation radicale » entre ces deux caractĂšres paradoxaux, il doit y avoir un centre ». En ce cas, cette fonction revient Ă la partie intermĂ©diaire de lâouvrage lâ histoire », prĂ©sentĂ©e ici comme prĂ©paration ». 46 Lubac, CatholicismeâŠ, p. 297. 30Cette hypothĂšse de lecture cherche Ă saisir dans son ensemble le parcours thĂ©ologique tel que Lubac le propose dans Catholicisme. Sâil se dĂ©solait que lâorientation de son travail ait pu ĂȘtre dĂ©voyĂ©e, cela tient Ă la difficultĂ© de tenir le paradoxe entre les pĂŽles social » et personnel » du dogme. LâunitĂ© catholique, pour le jĂ©suite, ne peut ĂȘtre reçue quâen assumant la spĂ©cificitĂ© de ces deux axes point de rĂ©elle unitĂ© sans altĂ©ritĂ© persistante », Ă©crivait-il46. Par ailleurs, cette proposition de lecture permet de mieux comprendre la place spĂ©cifique de lâhistoire. Ce caractĂšre du christianisme est Ă concevoir comme le centre » grĂące auquel les deux autres Ă©lĂ©ments peuvent se fĂ©conder mutuellement. La lumiĂšre divine unit la rĂ©alitĂ© créée et permet Ă chaque libertĂ© de se dĂ©ployer Ă travers lâĂ©toffe historique de lâĂȘtre. 47 H. de Lubac, Le drame de lâhumanisme athĂ©e, Ćuvres complĂštes, t. 2, Paris, Cerf, 1998, p. 111. 31Ă la suite de nombreux prĂ©dĂ©cesseurs, la lecture que nous proposons souligne la complexitĂ© de Catholicisme. Si, linĂ©airement, son plan semble aisĂ© Ă suivre, il nâest pas aussi simple dâen intĂ©grer la perspective thĂ©ologique fondamentale. Nous voyons, au contraire, que le mode dâintelligibilitĂ© qui se dĂ©ploie dans lâouvrage de 1938 nâest vraiment manifeste quâĂ la lumiĂšre de lâecclĂ©siologie de son auteur. En recoupant le principe de la corrĂ©lation radicale » avec les trois parties de Catholicisme, nous entendons Ă©galement souligner lâapport de diffĂ©rents lieux dâintelligibilitĂ© de la foi chrĂ©tienne concernant lâunitĂ©. LâĆuvre thĂ©ologique du jĂ©suite tend vers ce but engager lâesprit humain Ă assumer toutes les exigences de la foi chrĂ©tienne pour faire Ćuvre dâunitĂ©, qui est le sceau de Dieu sur son ouvrage47 ». 32Par la confrontation de cette hypothĂšse avec les interprĂ©tations de quelques-uns de nos prĂ©dĂ©cesseurs, nous souhaitons terminer notre parcours en insistant sur trois aspects indispensables pour lâinterprĂ©tation de la thĂ©ologie lubacienne de lâunitĂ©. La logique formelle du plan de Catholicisme que nous avons proposĂ© ne peut dispenser dâune analyse plus approfondie de ce qui met effectivement le christianisme au service de lâunitĂ©. b. Balthasar et lâorganicitĂ© de lâĆuvre lubacienne 48 von Balthasar â G. Chantraine, Le cardinal Henri de LubacâŠ, p. 46. Voir aussi, Ibid., p. 58. 49 von Balthasar â G. Chantraine, Le cardinal Henri de LubacâŠ, p. 59 ; formulation bientĂŽt rĂ©itĂ© ... 33Balthasar, tout dâabord, peut soutenir notre approche. En se fondant sur la lecture de pages qui deviendront le MĂ©moire sur lâoccasion de mes Ă©crits, il fut en effet le premier Ă qualifier dâ organique » lâensemble des travaux de son ami. Il montrait ainsi quâĂ lâintĂ©rieur de la multiplicitĂ© des sujets, ⊠il rĂšgne une unitĂ© organique manifeste48 ». Or, si lâĆuvre tout entiĂšre Ă©tait qualifiĂ©e de cette maniĂšre, son premier volume recevait Ă©galement une note caractĂ©ristique celle de la synthĂšse ». La hauteur de la vision [lubacienne] donne la mesure de la vigueur avec laquelle lâĂ©lan de la pensĂ©e se fait sentir dans lâensemble de lâĆuvre â depuis la synthĂšse hardiment construite dans Catholicisme jusquâĂ lâĂ©tude ⊠sur Pic de la Mirandole49 ». 50 Le thĂ©ologien suisse Ă©crivit un article trĂšs proche de celui de Lubac von Balthasar, ThĂ©o ... 51 Balthasar â Chantraine, Le cardinal Henri de LubacâŠ, p. 50-51. 52 Balthasar â Chantraine, Le cardinal Henri de LubacâŠ, p. 66, note 6. 34Le vocabulaire lubacien de lâunitĂ© se retrouve dans les termes employĂ©s ici. Chez le jĂ©suite, lâunitĂ© rĂ©elle est toujours organique » ; et sa saisie rĂ©flexive ne sera jamais mieux rendue que par une synthĂšse » strictement construite. Pour autant, nous avons vu que cette construction ne peut atteindre son objectif quâen rĂ©solvant le problĂšme des oppositions complĂ©mentaires. LĂ encore, Balthasar ouvrait la voie, Ă©voquant lâidĂ©e dâun centre trĂšs tĂŽt, H. de Lubac se rendit compte que sa position le mettait en un centre flottant dans lequel il ne pouvait pratiquer aucune philosophie sans son dĂ©passement dans la thĂ©ologie, ni dâailleurs aucune thĂ©ologie sans sa substructure essentielle et intime de philosophie ». En Ă©cho Ă Sur la philosophie chrĂ©tienne » de notre auteur 193650, nous retrouvons dans ces termes lâarticulation du paradoxe » qui sâexpose partout ailleurs ce centre, poursuit Balthasar, fut ⊠lâĂ©lĂ©ment vital de sa [Lubac] pensĂ©e ; au dĂ©but ce fut en opposition Ă la dichotomie moderne telle que Cajetan lâavait introduite dans son interprĂ©tation de Thomas ; aujourdâhui câest en opposition Ă une nouvelle forme de schizophrĂ©nie chrĂ©tienne qui sâincline ⊠devant le rationalisme et le sĂ©cularisme ⊠scientifiques postkantiens51 ». Les termes de dichotomie » et de schizophrĂ©nie » indiquent parfaitement ce contre quoi Lubac voulut toujours lutter ; Balthasar le percevait bien qui, sans parler ici de paradoxe », lâĂ©voquait encore par son attention Ă lâidĂ©e [lubacienne] de lâĂ©quilibre antinomique, du rythme des oppositions, de lâascension dialectique52 ». 53 von Balthasar, ThĂ©ologie et sainteté⊠», p. 28. Lâauteur poursuit la tragique scission ... 54 Aujourdâhui, Ă©crit-il encore, cet aspect historique de la RĂ©vĂ©lation, comme Ă©vĂ©nement et rĂ©alitĂ©, ... 35Ces mots montrent que lâami dâHenri de Lubac concevait bien le travail de ce dernier comme lâexpression dâun constant effort au service de lâunitĂ© de la rĂ©vĂ©lation chrĂ©tienne. Ceci Ă©tant, Balthasar ne va pas â pour ce qui concerne Catholicisme â jusquâĂ rĂ©flĂ©chir sur le positionnement spĂ©cifique des diverses parties constituant cette Ćuvre. Le caractĂšre historique du dogme chrĂ©tien, pour fondamental quâil soit, ne reçoit pas de fonction particuliĂšre Ă lâintĂ©rieur de cette unitĂ© paradoxale. La thĂ©ologie, Ă©crivait-il, trouve dans le dessein de la RĂ©vĂ©lation mĂȘme lâĂ©chelle exacte de sa forme et de sa structure. Ce qui est important Ă la substance de la RĂ©vĂ©lation doit lâĂȘtre aussi Ă la thĂ©ologie53 ». Cela vaut nĂ©cessairement Ă propos de lâhistoire54. Lâaccord de fond des deux thĂ©ologiens est donc sans ambiguĂŻtĂ©. Notre proposition de lecture de Catholicisme Ă©pouse ainsi la perception balthasarienne ; mais elle la prolonge. 36Peut-ĂȘtre permettrait-elle, par extension, de mieux voir les dĂ©placements internes dans les travaux postĂ©rieurs du PĂšre de Lubac. En soutenant dâemblĂ©e lâidĂ©e dâorganicitĂ©, Balthasar a créé un mouvement auquel la majoritĂ© des interprĂštes se rallie la thĂ©ologie lubacienne serait Ă ce point structurĂ©e que chacun de ses travaux trouve son anticipation dans Catholicisme. Une telle vue, sans ĂȘtre absolument fausse, ne fait pas suffisamment droit aux Ă©volutions subsĂ©quentes du jĂ©suite ni aux hĂ©sitations dont sa premiĂšre Ćuvre conserve la marque. Mais, plus encore, elle ne permet pas de rĂ©flĂ©chir avec suffisamment dâattention la valeur du point central de la thĂ©ologie lubacienne. Tout en recevant un point dâappui Ă©vident dans lâidĂ©e dâorganicitĂ© mise en avant par Balthasar, notre hypothĂšse de lecture permet donc dâinterpeller avec plus de force la valeur opĂ©ratoire du centre de la synthĂšse du dogme chrĂ©tien lâhistoire. c. Laurent Villemin ouverture sur les sens de lâĂcriture 55 Villemin, FĂ©condité⊠», p. 107. 108. 37Dans un article dĂ©jĂ Ă©voquĂ©, Laurent Villemin Ă©crivait que lâ approfondissement de la foi [que sert lâarticulation entre personnel » et social »] renvoie chez de Lubac Ă une intelligence des Livres Saints ». Ă tel point que le travail dâHenri de Lubac sur les sens de lâĂcriture trouve ici un Ă©clairage nouveau en tant quâil permet de comprendre lâarticulation entre lâaspect social, historique et intĂ©rieur du Christianisme55 ». Cette lecture va permettre de rĂ©soudre la difficultĂ© relevĂ©e Ă propos de la restitution, par Lubac, de lâagencement de son propre travail. Comment comprendre lâinversion des deux premiers termes social » et historique », accompagnĂ©e dâune Ă©viction presque systĂ©matique du troisiĂšme personnel » ? 56 Il y aurait probablement lieu de relier cette analyse Ă la distinction que Lubac fait entre le syst ... 38Catholicisme, en rĂ©alitĂ©, est traversĂ© par deux perspectives. La premiĂšre correspond au principe du paradoxe » ou de la corrĂ©lation » que nous avons dĂ©gagĂ© plus tĂŽt. Sa logique est synchronique. Ici, lâhistoire est centrale en elle sâopĂšre cette alchimie secrĂšte entre la sociĂ©tĂ© et la personne individuelle. La seconde perspective rĂ©pond Ă celle des sens de lâĂcriture » sa logique est diachronique. Dans cette seconde orientation, lâhistoire prĂ©cĂšde le social ; et la dimension personnelle ou spirituelle vient au terme dâun chemin conduisant le croyant toujours plus au cĆur du MystĂšre56. 39La confirmation rencontrĂ©e dans la lecture de Balthasar appelait un prolongement une analyse plus approfondie du rĂŽle de lâhistoire dans la corrĂ©lation entre le caractĂšre social et le caractĂšre personnel du dogme. En relevant le lien entre le paradoxe de Catholicisme et le sens spirituel de lâĂcriture, lâapproche de Villemin invite Ă ce pas supplĂ©mentaire selon la perspective envisagĂ©e, la rĂ©alitĂ© de lâhistoire ne rĂ©pond pas de la mĂȘme nĂ©cessitĂ©. Autrement dit, la structuration organique de Catholicisme ne peut pas rester figĂ©e. Au contraire elle doit pouvoir sâouvrir pour quâune intĂ©gration progressive de la portĂ©e spirituelle de lâĂ©conomie du salut puisse se faire. Les deux perspectives reconnues, en ce sens, ne sont pas simplement deux maniĂšres de voir distinctes. Il ne sâagit pas dâoptions thĂ©ologiques se suffisant Ă elles-mĂȘmes. La saisie de lâorganicitĂ© de la foi chrĂ©tienne selon laquelle lâhistoire est au centre du mystĂšre nâa vraiment de sens que si elle peut se dĂ©ployer Ă travers la logique ascendante de lâintelligence spirituelle en ce cas, lâhistoire est premiĂšre. 40Cette perception complĂ©mentaire du donnĂ© rĂ©vĂ©lĂ© va permettre de mieux saisir le regard Ă poser sur le mystĂšre de la croix. De cette maniĂšre, câest lâacte thĂ©ologique lui-mĂȘme qui va trouver ici un principe particulier dâexplication. d. Philippe Vallin le Christ au service de lâunitĂ© 57 Ph. Vallin, La mĂ©thode de Catholicisme le choix de la coupe sagittale pour une vision unifiante ... 58 Plan vertical, perpendiculaire au plan de face », explique Le petit Robert. 59 Le procĂ©dĂ© de la coupe sagittale ⊠apportera proprement deux bĂ©nĂ©fices Ă lâĂ©vidence une plus ... 41Le titre dâune Ă©tude de Philippe Vallin indique lâintĂ©rĂȘt quâelle peut revĂȘtir dans le cadre de notre recherche la mĂ©thode de Catholicisme57 ». Ă travers une distinction empruntĂ©e Ă lâanatomie, lâauteur sâinscrit directement dans lâidĂ©e dâorganicitĂ© de la pensĂ©e lubacienne. Ă une coupe frontale » du dogme, qui risque dâĂ©clater les mystĂšres divins en autant de traitĂ©s thĂ©ologiques autonomes, le PĂšre Vallin substitue une coupe sagittale58 ». Ces deux coupes » rĂ©pondent Ă deux maniĂšres dâenvisager le travail thĂ©ologique dans un cas, chaque aspect du mystĂšre est considĂ©rĂ© selon sa logique propre ; dans lâautre, les divers aspects ne sont apprĂ©ciables quâen dĂ©pendance des autres, de la totalitĂ© du MystĂšre. Dans lâabsolutisation du premier, nous aboutirions Ă une thĂ©ologie des manuels, contre laquelle le PĂšre de Lubac sâest dĂ©pensĂ©. Ă lâopposĂ©, Catholicisme dĂ©couvre une tournure nouvelle de lâacte thĂ©ologique, que lâimage de la coupe sagittale » cherche Ă dessiner59. 42Notre lecture de Catholicisme sâinscrit ainsi directement dans la continuitĂ© de celle proposĂ©e par Vallin. Pour celui-ci, Lubac fait apparaĂźtre ses thĂšmes thĂ©ologiques dans leur corrĂ©lation constitutive, ce qui suppose le rĂŽle indispensable dâun centre ». Mais sa maniĂšre de considĂ©rer le rĂŽle de ce pĂŽle central va arrĂȘter notre attention 60 Vallin, La mĂ©thode⊠», p. 64. On aura ⊠mieux compris le projet du P. de Lubac dans Catholicisme, si lâon reconnaĂźt avec lui que cette scission tragique qui affecte la crĂ©ation aprĂšs le pĂ©chĂ©, risque dâaffecter jusquâĂ lâexposition mĂȘme des mystĂšres de la foi au lieu quâon y trouve comme dans lâĂcriture la marque mĂȘme et lâĂ©nergie de leur rĂ©union60. 61 Vallin, La mĂ©thode⊠», p. 63. Cela renvoie Ă H. de Lubac, CatholicismeâŠ, p. 19. 161-162. 43Cette derniĂšre idĂ©e mĂ©rite dâĂȘtre creusĂ©e. De la scission entre les hommes, due au pĂ©chĂ©, Ă la dualitĂ© rencontrĂ©e dans lâexposĂ© thĂ©ologique, y a-t-il continuitĂ© directe ? Vallin fait remarquer que le PĂšre de Lubac rend compte, par deux fois, de maintes dualitĂ©s mal assumĂ©es » il sâagit essentiellement de la lutte entre la chair et lâesprit » et de lâopposition entre Juifs et Gentils61 ». La proximitĂ© entre ces deux oppositions conduit presque invinciblement Ă une explication parallĂšle. Pour autant, Lubac distingue davantage les plans certains aspects de lâexistence sont relatifs au pĂ©chĂ© et Ă la destruction de lâunitĂ© primitive. Ils appellent un rĂ©tablissement entier. Dâautres Ă©lĂ©ments, du fait mĂȘme du paradoxe », sont liĂ©s Ă lâexposĂ© ou Ă lâintelligence de la rĂ©vĂ©lation. Ceux-ci nâappellent pas de dĂ©passement ou de rĂ©solution. Dans un cas comme dans lâautre, si le Christ joue un rĂŽle essentiel, son efficacitĂ© diffĂšre. 62 Lubac, CatholicismeâŠ, p. 13-14. Du haut de sa croix, les bras Ă©tendus il [le Christ] rassemblera ... 44Dans une premiĂšre sĂ©rie de dualitĂ©s », symbolisĂ©e par lâopposition entre Juifs et Gentils, notre auteur se rĂ©fĂšre Ă la conception patristique selon laquelle le pĂ©chĂ© rompt lâunitĂ© absolue de la crĂ©ation. Pour les PĂšres, le pĂ©chĂ© a voilĂ© cette clartĂ© initiale. Cette blessure attendait son mĂ©decin. La croix apparaĂźt alors comme langage de misĂ©ricorde pour un rĂ©tablissement maintenons-nous dans la perspective ancienne, propose Lubac Ćuvre de restauration, la RĂ©demption nous apparaĂźt par le fait mĂȘme comme le rĂ©tablissement de lâunitĂ© perdue. ⊠Le Christ est cette aiguille qui, douloureusement percĂ©e lors de la passion, ⊠rĂ©pare ainsi la tunique jadis dĂ©chirĂ©e par Adam, cousant ensemble les deux peuples, celui des Juifs et celui des Gentils, et les faisant un pour toujours62 ». La rĂ©ponse au pĂ©chĂ© est une unitĂ© retrouvĂ©e, une paix restaurĂ©e. La division est dĂ©passĂ©e, pardonnĂ©e. 63 Lubac, CatholicismeâŠ, p. 284. 45Dans la seconde sĂ©rie de dualitĂ©s », signifiĂ©e par lâopposition entre chair et esprit, la visĂ©e nâest pas identique. Dans cet autre contexte, Ă©crit Lubac, la rĂ©vĂ©lation » elle-mĂȘme nous offre un couple dâaffirmations qui paraissent dâabord discontinues ou mĂȘme contradictoires » ; or, de ces contradictions, nulle rĂ©conciliation, nulle rĂ©unification ultĂ©rieure nâest attendue. Si la logique de la rĂ©vĂ©lation impose de dĂ©passer le plan superficiel oĂč les contradictions sâĂ©talent », ce nâest pas dans lâattente dâun passage Ă une unitĂ© supĂ©rieure. Il sâagit de pĂ©nĂ©trer en des rĂ©gions plus profondes oĂč ce qui ⊠était scandale devient tĂ©nĂšbre lumineuse63 ». Ici, le langage de la croix, comme parole de misĂ©ricorde, dĂ©voile une perspective nouvelle celle de la prodigalitĂ©. En faisant entrer lâhomme dans lâamitiĂ© divine, Dieu ouvre Ă lâintelligence de lâhomme des perspectives absolument neuves. Le Verbe, dans le fait mĂȘme de la croix, assume la logique duelle. Le christocentrisme de la foi, ici, ne regarde plus la croix comme Ă©tape pour un rĂ©tablissement mais comme consĂ©cration et authentification de la forme de la rĂ©vĂ©lation. Nous retrouvons la caractĂ©ristique du mouvement lubacien du paradoxe, qui tient ensemble les termes opposĂ©s pour ouvrir le chemin dâune mystique authentique. Sâil est une lumiĂšre nouvelle Ă espĂ©rer, celle-ci provient de lâintussusception du MystĂšre rĂ©vĂ©lĂ©, lequel se donne sous une forme Ă©nigmatique parce quâantinomique la croix en est le sceau resplendissant. 46Autrement dit, si nous reprenons les termes du PĂšre Vallin, il faut dire quâil y a un risque » que la scission tragique qui affecte la crĂ©ation ⊠affect[e] jusquâĂ lâexposition mĂȘme des mystĂšres de la foi ». Mais, en ce qui concerne lâ exposition des mystĂšres », la faute ne tient pas Ă lâimpossibilitĂ© de parvenir Ă une unitĂ© supĂ©rieure. Bien plutĂŽt le pĂ©chĂ© fausserait lâintelligence en cherchant Ă dĂ©passer les dichotomies du langage divin par un regard qui se voudrait unifiant mais qui, au final, serait une mutilation. Les deux perspectives que Vallin met au jour ne sont donc pas superposables. Dans un cas, celui de la situation post-lapsaire, lâunitĂ© est un but auquel on ne peut renoncer sans pĂ©cher contre lâespĂ©rance. Dans lâautre, on pĂšcherait contre la prudence et lâhumilitĂ© devant le mystĂšre en voulant rĂ©soudre les termes opposĂ©s. 64 Qui sâengagerait dans cette rĂ©flexion aurait ainsi Ă indiquer comment le mystĂšre de la croix est bi ... 65 Moulins-Beaufort, ActualitĂ© paradoxale⊠», p. 94. 47Le mystĂšre de la croix, cependant, nâest pas double entre ces deux orientations la continuitĂ© est indirecte ou, plus justement, intĂ©rieure. Il faudrait alors rĂ©flĂ©chir le lien entre la division de lâhumanitĂ© et lâaccueil de la rĂ©vĂ©lation qui, dans son affirmation de Dieu, ne peut dĂ©passer les oppositions sans retomber dans la nĂ©gation64. Il y a thĂ©ologie, Ă©crit Ă ce sujet Moulins-Beaufort, parce que la RĂ©demption est aussi RĂ©vĂ©lation65 ». * ** 48Partis du simple constat que le plan de Catholicisme nâest pas si aisĂ© quâon le voudrait Ă interprĂ©ter, nous aboutissons Ă un regard dâensemble sur lâacte thĂ©ologique du PĂšre de Lubac. Celui-ci est fortement marquĂ© par lâĆuvre dâunitĂ© pour laquelle le Christ sâest fait chair et, de ce fait, par la place de lâhistoire. Mais son rĂŽle et, en son sein, celui de la Croix du Seigneur, diffĂšrent selon la perspective envisagĂ©e. Dans le premier ouvrage du jĂ©suite, deux orientations se croisent, quâillustrent les deux maniĂšres par lesquelles il rĂ©sume le mouvement tripartite de son Ă©tude. 49Dâun cĂŽtĂ©, quand il sâagit de prendre en compte lâunitĂ© de la crĂ©ation brisĂ©e par le pĂ©chĂ© et la mort, le croyant doit partir de lâacte du Christ inscrit dans lâhistoire. Celui-ci est premier ; il est appelĂ© Ă se dĂ©ployer pour que lâunitĂ© soit pleinement restaurĂ©e par le jeu de lâintelligence spirituelle, la foi conduit ainsi sur un chemin dâintĂ©riorisation du mystĂšre. Il sâagit, en ce cas, de lâenchaĂźnement diachronique des trois caractĂ©ristiques du dogme chrĂ©tien historique â social â personnel. Lubac lâĂ©voque trĂšs rĂ©guliĂšrement, inversant lâordre des parties de Catholicisme. Sâil nâindique jamais les raisons de ce changement, la lecture proposĂ©e a permis dâen prendre conscience. Par-lĂ , nous percevons que le principe de lâintelligence spirituelle, pour Henri de Lubac, nâest pas un exercice dĂ©sincarnĂ©. Bien au contraire lâunitĂ© recherchĂ©e est profondĂ©ment liĂ©e Ă lâancrage de lâĂ©vĂ©nement de la croix dans la premiĂšre Alliance, ainsi quâĂ ses rĂ©percussions dans notre existence. 50En revanche, dans le domaine de lâintelligence rĂ©flexive du mystĂšre et de son unitĂ© fondamentale, le chrĂ©tien opĂšre de maniĂšre synchronique. NâĂ©tant plus, en ce cas, dans la perspective dâintĂ©gration existentielle de lâunitĂ© brisĂ©e par le pĂ©chĂ©, il nây a pas de dĂ©passement des oppositions Ă attendre. LâenchaĂźnement des trois parties donnĂ©es effectivement dans Catholicisme se rĂ©fĂšre Ă cette logique ; ici, la place du Christ et de lâhistoire est centrale câest au cĆur de son mystĂšre que peuvent se rencontrer les aspirations sociale ou personnelle de la foi, de mĂȘme que toutes les oppositions que celle-ci met en avant. LâunitĂ©, de ce point de vue, nâest pas Ă attendre comme un moment lointain elle est Ă saisir dans lâacte dâintelligence du mystĂšre qui, Ă ce point, se mue en Ă©lan mystique. 66 Lubac, CatholicismeâŠ, p. 20. 67 Lubac, CatholicismeâŠ, p. 20. 51MarquĂ©e par la profondeur des divisions dues au pĂ©chĂ© des hommes, la thĂ©ologie du PĂšre de Lubac cherche ainsi Ă montrer la route de lâunitĂ©. Celle-ci se prĂ©sente sous un double aspect. Le premier fait Ă©cho au dĂ©sir dâunitĂ© retrouvĂ©e et nous rejoint au plus concret de notre existence. Le second sâappuie sur la capacitĂ© de lâintelligence de se laisser fĂ©conder par les antinomies de la pensĂ©e et de la vie. Le premier ouvrage de Lubac ne cesse de nous faire passer dâun point de vue Ă lâautre ; et toute son Ćuvre thĂ©ologique est ainsi portĂ©e par cette double attention. Nous pouvons dĂšs lors comprendre avec plus de prĂ©cision ces mots de notre auteur lâharmonie primitive, dĂ©truite aussitĂŽt que posĂ©e, sera reconstruite Ă travers des Ă©preuves sans nombre, mais dans une complexitĂ© plus riche et selon un plan embelli66 ». La restauration envisagĂ©e par le dogme chrĂ©tien nâest pas un simple retour Ă la situation antĂ©-lapsaire câest un rĂ©tablissement qui ouvre une voie dâexpansion du MystĂšre et dâenrichissement de son impression dans le cĆur qui lâaccueille ; felix culpa, â mirabilius reformasti », rappelait le jĂ©suite67. Haut de page Notes 1 von Balthasar, Catholique, coll. Communio, Paris, Fayard, 1976, p. III. Autre exemple M. le chanoine Bardy Ă©crivait rĂ©cemment que si lâon faisait un scandaleux abus de compliments sur âles livres qui sâimposentâ, il venait dâen lire un qui, par exception, effectivement, âsâimposeâ â et câest le magnifique ouvrage du R. P. de Lubac, S. J., sur les aspects sociaux du dogme », SupplĂ©ment Ă la âVie spirituelleâ 57 1938, p. 123. 2 Les actes du colloque sont rassemblĂ©s dans Henri de Lubac lâĂglise dans lâhistoire », Communio 33/5 2008. La citation est tirĂ©e de lâĂ©ditorial Ă. de Moulins-Beaufort, Henri de Lubac lâĂglise dans lâhistoire des hommes », Ibid., p. 8. Outre ceux sur qui seront Ă©voquĂ©s directement dans ces pages, signalons quelques travaux Calvez, Relire âCatholicismeâ de Henri de Lubac », Ătudes 3754 1991, p. 371â378 ; D. Bertrand, Patristique et apologĂ©tique. Catholicisme », Bulletin de lâInstitut Catholique de Lyon, 118 1997, p. 17â29 ; M. Figura, Lâextension catholique selon le premier ouvrage de Henri de Lubac, Catholicisme », Communio 37/6 2012, p. 33â48. 3 L. Villemin, FĂ©conditĂ© ecclĂ©siologique », Communio 33/ 5 2008, p. 104. 4 Ă. de Moulins-Beaufort, âĂ plusieurs un seul corpsâ. Les dimensions eucharistiques de lâunitĂ© selon Henri de Lubac », Communio 39/ 6 2014, p. 23. 30. 5 J. Maritain, Distinguer pour unir ou les degrĂ©s du savoir, Paris, 1932. 6 H. de Lubac, Catholicisme. Les aspects sociaux du dogme, Ćuvres complĂštes, t. 7, Paris, Cerf, p. 287. 7 H. de Lubac, Augustinisme et thĂ©ologie moderne, Ćuvres complĂštes, t. 13, Paris, Cerf, 2008, p. XXIV. Nous soulignons. On notera ce commentaire âunir pour distinguerâ cet aphorisme dâorigine blondĂ©lienne indique la volontĂ© de ne pas se mettre en position dĂ©fensive pour Ă©clairer ce que dit le christianisme », G. Chantraine, La thĂ©ologie du surnaturel selon Henri de Lubac », 119 1997, p. 226. 8 Parmi les trĂšs nombreux travaux sur le paradoxe lubacien, on peut se rĂ©fĂ©rer Ă V. Franco Gomes, Le paradoxe du dĂ©sir de Dieu. Ătude sur le rapport de lâhomme Ă Dieu selon Henri de Lubac, coll. Ătudes lubaciennes, 4, Paris, Cerf, 2005. 9 H. de Lubac, ExĂ©gĂšse mĂ©diĂ©vale. Les quatre sens de lâĂcriture, t. 1, coll. ThĂ©ologie, 41, Paris, Aubier-Montaigne, 1959, p. 333-334. 10 H. de Lubac, Paradoxes, Ćuvres complĂštes, t. 31, Paris, Cerf, 1999, p. 71-72. Rappelons cette sĂ©rie dâĂ©numĂ©rations typiquement lubacienne Dieu crĂ©e le monde pour sa gloire, ⊠et cependant par bontĂ© pure ; lâhomme est actif et libre, et cependant il ne peut rien sans la grĂące ⊠; la vision de Dieu est un don gratuit, et pourtant son dĂ©sir sâenracine au plus profond de tout esprit⊠», H. de Lubac, CatholicismeâŠ, p. 284. 11 H. de Lubac, Surnaturel. Ătudes historiques, Paris, Lethielleux â 2010, p. 484. 12 H. de Lubac, Les Ăglises particuliĂšres dans lâĂglise universelle, Paris, Aubier-Montaigne, 1971, p. 50-51. 13 H. de Lubac, MĂ©moire sur lâoccasion de mes Ă©crits, Ćuvres complĂštes, t. 33, Paris, Cerf, 2006, p. 135. 14 Dans sa thĂšse, Bertrand Dumas a mis en avant lâindispensable fonction de lâintelligence des Ăcritures pour comprendre le rapport entre thĂ©ologie et mystique. Voir B. Dumas, Mystique et thĂ©ologie dâaprĂšs Henri de Lubac, coll. Ătudes lubaciennes, 8, Paris, Cerf, 2013. 15 Bien des exemples de cette logique pourraient ĂȘtre relevĂ©s dans les travaux lubaciens, notamment ses premiers articles. Une bonne illustration se rencontre dans lâarticulation entre pouvoir temporel » et pouvoir spirituel ». Lâun et lâautre ne peuvent se rencontrer et se fĂ©conder mutuellement quâĂ lâintĂ©rieur de la conscience personnelle. Voir H. de Lubac, Le pouvoir de lâĂglise en matiĂšre temporelle », Revue des Sciences Religieuses. 12 1932, p. 329-354. Repris sous le titre LâautoritĂ© de lâĂglise en matiĂšre temporelle », dans ThĂ©ologies dâoccasion, Paris, 1984, p. 215-254. 16 G. Chantraine, La âcorrĂ©lation radicaleâ des Ăglises particuliĂšres et de lâĂglise universelle chez Henri de Lubac », Ecclesia tertii millenii advenientis. Omaggio al P. Ăngel AntĂłn, F. Chica, S. Panizzolo et H. Wagner Ă©d., Piemme, Casale Monferrato, 1997, p. 82. 17 G. Chantraine â Lemaire., Henri de Lubac, t. 4 Concile et aprĂšs-Concile 1960-1991, coll. Ătudes lubaciennes, 9, Paris, Cerf, 2013, p. 70. 18 Villemin, FĂ©conditĂ© ecclĂ©siologique⊠», p. 104. Cette lecture, trop rapide, conduit Ă une reprise faussĂ©e des termes de Lubac la clef qui permet de rĂ©soudre cette aporie potentielle entre unitĂ© et distinction, et donc entre personnelle et universelle, est la catĂ©gorie dâunion », Ibid., p. 104-105. Outre que les deux pages de Catholicisme sur lesquelles lâauteur fonde cette remarque tĂ©moignent, par deux fois, dâune quasi-identitĂ© entre antinomie » et paradoxe », il en vient surtout Ă poser une aporie potentielle » entre unitĂ© et distinction qui ne trouve pas de fondement dans la pensĂ©e de Lubac. Ces deux termes, nous lâavons vu prĂ©cĂ©demment, ne sont jamais opposĂ©s dialectiquement. Ils sont intĂ©grĂ©s lâun dans lâautre, de telle sorte quâon ne peut mettre en parallĂšle lâantinomie apparente entre unitĂ© et distinction » et celle qui oppose effectivement le personnel et lâuniversel ». 19 Lettre de Lubac Ă G. Fessard, du 23 mars 1938. CitĂ©e par J. Stern, PrĂ©sentation » Ă H. de Lubac, CatholicismeâŠ, p. XIV. 20 Catholicisme met au jour des suspicions dĂ©jĂ anciennes Ă lâendroit de son auteur. DĂšs le temps du scolasticat, solidaire en cela de toute une gĂ©nĂ©ration, le jeune religieux attirait sur lui des regards soupçonneux ; une mĂ©fiance qui ira en sâamplifiant Ă mesure de son enseignement et, plus encore, de ses publications. 21 H. de Lubac, MĂ©moireâŠ, p. 25. 22 J. Stern, PrĂ©sentation » Ă H. de Lubac, CatholicismeâŠ, p. II. 23 Congar, Sainte Ăglise. Ătudes et approches ecclĂ©siologiques, coll. Unam Sanctam, 41, Paris, Cerf, 1963, p. 521. Lâauteur continue les douze chapitres qui le [Catholicisme] composent se suivent sans quâil y ait entre eux un lien rigoureux et surtout un progrĂšs continu de la pensĂ©e ». 24 Wagner, Henri de Lubac, coll. Initiations aux thĂ©ologiens, Paris, Cerf, 2007, p. 154. 25 Lubac, MĂ©moireâŠ, p. 25-26. 26 Reprenons ce passage-clĂ© dans sa totalitĂ© Le dilemme [de lâunitĂ©] ne peut ĂȘtre complĂštement surmontĂ© par aucune logique abstraite, quâelle soit du concept ou du jugement, quâelle fonctionne selon la loi dâidentitĂ© ou selon la loi de participation. Il y faut Ă la base une aperception rĂ©elle, qui saisisse dâun seul regard, hors de toute intuition spatiale, le lien du personnel et de lâuniversel. Mais il ne suffit pas que ce lien soit conçu pour quâil se rĂ©alise. LâidĂ©e de lâunitĂ© nâest pas lâunitĂ© mĂȘme », H. de Lubac, CatholicismeâŠ, p. 297. 27 Lâun des prĂ©jugĂ©s les plus enracinĂ©s contre la religion catholique est quâelle ⊠nâoffre plus un idĂ©al capable de rallier les hommes dâaujourdâhui, soucieux avant tout dâune mystique communautaire ». Ces mots sont tirĂ©s dâune recension non signĂ©e qui est un bon exemple de lâĂ©clectisme dĂ©plorĂ© par Lubac câest clairement la premiĂšre partie qui retient ici lâattention. Lâauteur insiste sur les services rendus par cet ouvrage pour lâ apostolat social ». Voir le SupplĂ©ment Ă âLa vie spirituelleâ 57 1938, p. 123-125. Ceci Ă©tant, lâauteur termine en invitant Ă retrouve[r] », dans Catholicisme, le secret de lâunitĂ© ». On ne saurait mieux dire. 28 von Balthasar â G. Chantraine, Le cardinal Henri de Lubac. Lâhomme et son Ćuvre, coll. Le sycomore, Paris â Namur, Lethielleux â Culture et vĂ©ritĂ©, 1983, p. 67. 29 von Balthasar â G. Chantraine, Le cardinalâŠ, p. 67. 30 A. Russo, Henri de Lubac. Bibliographie, Paris, Brepols, 1997, p. 85. von Balthasar â G. Chantraine, Le cardinalâŠ, p. 74. 31 Wagner, Henri de LubacâŠ, p. 157. 32 Ă. de Moulins-Beaufort, ActualitĂ© paradoxale de Catholicisme », Communio 33/5 2008, p. 89. 33 P. Vallin, Catholicisme le P. de Lubac au seuil dâune Ćuvre », ThĂ©ophilyon 9/3 2004, p. 70. 34 A. Russo, LâidĂ©e de solidaritĂ© dans Catholicisme 1938 », 44 2013, p. 72. Mais le mĂȘme auteur Ă©crivait, quelques pages auparavant, que la troisiĂšme partie se prĂ©occupe surtout de dissiper quelques malentendus », ibid., p. 58. 35 Wagner, Henri de LubacâŠ, p. 154. 36 Lubac, ExĂ©gĂšse mĂ©diĂ©valeâŠ, t. 1, p. 192. 37 En gros, lâon peut dire que lâouvrage veut montrer le caractĂšre Ă la fois social, historique et intĂ©rieur du christianisme, cette triple note lui confĂ©rant ce caractĂšre dâuniversalitĂ© et de totalitĂ© exprimĂ© au mieux par le mot âcatholicismeâ », Lubac, MĂ©moireâŠ, p. 25. 38 Villemin, FĂ©conditĂ© ecclĂ©siologique⊠», p. 104. 39 Il indique ainsi le projet de la troisiĂšme partie examiner comment le catholicisme exalte les valeurs personnelles ⊠et comment son double caractĂšre historique et social nâest pas Ă comprendre en un sens purement temporel et terrestre » p. XIII. Voir Ă©galement loin dâattĂ©nuer le caractĂšre historique et social de la religion dâIsraĂ«l » p. 135 ; on aperçoit peut-ĂȘtre maintenant comment le caractĂšre historique que nous avons reconnu au christianisme, autant que son caractĂšre social, assure le sĂ©rieux de ce rĂŽle » p. 288 ; le double caractĂšre historique et social que nous avons reconnu au catholicisme⊠» p. 308 ; il faut, en faisant le procĂšs de ce âsocialâ entiĂšrement temporalisĂ© qui domine aujourdâhui partout les esprits, et qui nâhĂ©rite quâen le dĂ©gradant du caractĂšre historique et social de notre foi⊠» p. 313. On retrouve la mĂȘme expression dans H. de Lubac, Histoire et EspritâŠ, p. 420. 40 Par exemple, au dĂ©but du chapitre XI mettre en relief autant que nous lâavons fait le caractĂšre social du dogme et ce quâon pourrait appeler lâĂ©lĂ©ment unitaire du catholicisme, nâest-ce pas diminuer ou obscurcir dangereusement cette autre vĂ©ritĂ©, non moins essentielle, que le salut est pour chacun affaire personnelle », Lubac, CatholicismeâŠ, p. 283 ; nous soulignons. Autre exemple lâhomme social, lâhomme historique de Marx nâa que deux dimensions. Le sentiment de lâĂternel ⊠doit lui restituer sa profondeur », ibid., p. 316-317 ; nous soulignons. Un contre-exemple de cette vision sociale et historique du monde que le christianisme nous a communiquĂ©e, elle [lâĂglise] sait tirer les consĂ©quences », ibid., p. 207 ; ici, le troisiĂšme terme nâest pas Ă©voquĂ©. 41 H. de Lubac, Le caractĂšre⊠», p. 265. 42 Lubac, CatholicismeâŠ, p. 138. Nous soulignons. 43 H. de Lubac, La recherche dâun homme nouveau », dans Affrontements mystiques, Ćuvres complĂšte, t. 4, p. 270. Ăgalement mystĂšre Ă la fois historique et spirituel, intĂ©rieur et social », ExĂ©gĂšse mĂ©diĂ©valeâŠ, p. 196. Une autre fois, on lit il fallait [au temps de Renan] aussi prĂ©venir le double mirage, mirage dâun pseudo-mysticisme social et mirage dâun nouveau millĂ©narisme », CatholicismeâŠ, p. 264 ; on passe alors du social » Ă lâ historique ». Sâagissant des sens spirituels de lâĂcriture, Lubac reprend lâimage de la triple note » concernant cette interprĂ©tation [qui] se prĂ©sente Ă la fois comme spirituelle, historique et sociale », CatholicismeâŠ, p. 157. 44 Lubac, CatholicismeâŠ, p. 138. Ce passage ce situe dans le premier chapitre de la deuxiĂšme partie Le christianisme et lâhistoire ». 45 Lubac en donnait dâailleurs une idĂ©e dĂšs son quatriĂšme chapitre les premiĂšres gĂ©nĂ©rations chrĂ©tiennes avaient un sentiment trĂšs vif de cette solidaritĂ© de tous les individus et des diverses gĂ©nĂ©rations dans la marche vers un mĂȘme salut. ⊠CâĂ©tait lâespoir du salut de la communautĂ©, condition de salut des individus ». Il Ă©voquait Ă©galement une inclusion de lâespoir personnel dans la grande espĂ©rance commune », Lubac, CatholicismeâŠ, p. 92. 46 Lubac, CatholicismeâŠ, p. 297. 47 H. de Lubac, Le drame de lâhumanisme athĂ©e, Ćuvres complĂštes, t. 2, Paris, Cerf, 1998, p. 111. 48 von Balthasar â G. Chantraine, Le cardinal Henri de LubacâŠ, p. 46. Voir aussi, Ibid., p. 58. 49 von Balthasar â G. Chantraine, Le cardinal Henri de LubacâŠ, p. 59 ; formulation bientĂŽt rĂ©itĂ©rĂ©e Catholicisme nous engage ⊠dans lâentreprise consistant Ă construire, en Ă©vitant lâhistoricisme, une thĂ©ologie de vĂ©ritable synthĂšse Ă partir des sources premiĂšres », Ibid, p. 74. 50 Le thĂ©ologien suisse Ă©crivit un article trĂšs proche de celui de Lubac von Balthasar, ThĂ©ologie et saintetĂ© », Dieu vivant 12 1948, p. 17-31. 51 Balthasar â Chantraine, Le cardinal Henri de LubacâŠ, p. 50-51. 52 Balthasar â Chantraine, Le cardinal Henri de LubacâŠ, p. 66, note 6. 53 von Balthasar, ThĂ©ologie et sainteté⊠», p. 28. Lâauteur poursuit la tragique scission de lâIdĂ©e et de lâHistoire se constitua de nouveau, et de nouveau en faveur dâun monde des IdĂ©es oĂč lâhistoire nâavait pas de place. On cessa de voir dans la rĂ©vĂ©lation historique lâĂ©vĂ©nement qui sâimpose Ă lâintelligence et Ă lâobĂ©issance comme toujours actuel », ibid., p. 29. 54 Aujourdâhui, Ă©crit-il encore, cet aspect historique de la RĂ©vĂ©lation, comme Ă©vĂ©nement et rĂ©alitĂ©, a disparu de la dogmatique. Elle abandonne son travail essentiel Ă une prĂ©tendue âexĂ©gĂšseâ qui, sans prendre conscience de son devoir dogmatique, le laisse aux historiens et aux philologues », von Balthasar, ThĂ©ologie et sainteté⊠», p. 28-29. 55 Villemin, FĂ©condité⊠», p. 107. 108. 56 Il y aurait probablement lieu de relier cette analyse Ă la distinction que Lubac fait entre le systĂšme des trois ou des quatre sens de lâĂcriture. Mais nous laissons cela de cĂŽtĂ© ici. On se reportera, notamment, Ă la 1Ăšre section du 4e chapitre dâHistoire et Esprit Le triple sens de lâĂcriture ». 57 Ph. Vallin, La mĂ©thode de Catholicisme le choix de la coupe sagittale pour une vision unifiante de la foi », Communio 33/5 2008, p. 55-66. 58 Plan vertical, perpendiculaire au plan de face », explique Le petit Robert. 59 Le procĂ©dĂ© de la coupe sagittale ⊠apportera proprement deux bĂ©nĂ©fices Ă lâĂ©vidence une plus grande justesse pour lâinvestigation dâun corps inscrit dans les trois dimensions de lâespace ; mais surtout le respect dâun facteur dĂ©cisif de la corporĂ©itĂ© humaine, la symĂ©trie latĂ©rale â avec lâexception des asymĂ©tries selon les cas â puisque lâhomme est droitier ou gaucher ». Vallin, La mĂ©thode⊠», p. 62. 60 Vallin, La mĂ©thode⊠», p. 64. 61 Vallin, La mĂ©thode⊠», p. 63. Cela renvoie Ă H. de Lubac, CatholicismeâŠ, p. 19. 161-162. 62 Lubac, CatholicismeâŠ, p. 13-14. Du haut de sa croix, les bras Ă©tendus il [le Christ] rassemblera les parties disjointes de la crĂ©ation. ⊠Par son unique Sacrifice, il fera donc de toutes les nations un seul Royaume », Lubac, CatholicismeâŠ, p. 19-20. 63 Lubac, CatholicismeâŠ, p. 284. 64 Qui sâengagerait dans cette rĂ©flexion aurait ainsi Ă indiquer comment le mystĂšre de la croix est bien centre » unique et essentiel le langage de misĂ©ricorde et de pardon Ă©tant alors reconnu comme principe intĂ©rieur dâunitĂ© de la rĂ©vĂ©lation qui se dira toujours en paradoxe. Le rĂ©tablissement acquis par lâacte rĂ©dempteur indique une rĂ©unification certaine ; mais la saisie rĂ©flexe, intellectuelle et spirituelle, de cette unitĂ© retrouvĂ©e, en vertu du mĂȘme sacrifice de rĂ©demption, doit accueillir les contradictions. 65 Moulins-Beaufort, ActualitĂ© paradoxale⊠», p. 94. 66 Lubac, CatholicismeâŠ, p. 20. 67 Lubac, CatholicismeâŠ, p. 20. Haut de page Pour citer cet article RĂ©fĂ©rence papier Emmanuel Decaux, La place de lâhistoire dans la thĂ©ologie chrĂ©tienne lâintuition dâHenri de Lubac et le plan de Catholicisme », Revue des sciences religieuses, 89/2 2015, 201-220. RĂ©fĂ©rence Ă©lectronique Emmanuel Decaux, La place de lâhistoire dans la thĂ©ologie chrĂ©tienne lâintuition dâHenri de Lubac et le plan de Catholicisme », Revue des sciences religieuses [En ligne], 89/2 2015, mis en ligne le 01 avril 2017, consultĂ© le 26 aoĂ»t 2022. URL ; DOI de page
CoursvidĂ©o L'inconscient - Cours de Philosophie Terminale. Dans cette vidĂ©o nous allons nous intĂ©resser Ă l'inconscient en philosophie en Ă©tudiant la position de diffĂ©rents philosophes ayant pu s'intĂ©resser Ă ce sujet. Cette vidĂ©o vous permettra d'avoir un aperçu complet de ce qu'est l'inconscient en philosophie pour que vousQu'est-ce lâhypnose Hypnos en grec signifie sommeil. lorsque lâhypnose est rĂ©alisĂ©e la conscience claire et distincte est mise en veilleuse que lâon peut appeler aussi conscience consciente ou esprit conscient au profit de lâĂ©veil dâune conscience inconsciente. La conscience est dite consciente conscious awareness dans la mesure oĂč elle est restreinte, car elle ne peut porter son attention quâĂ un nombre limitĂ© dâĂ©lĂ©ments. La conscience est dite inconsciente unconscious awareness dans la mesure oĂč elle supporte la totalitĂ© des souvenirs, des perceptions des sens externes et internes, des rĂ©sultats et des possibilitĂ©s dâapprentissage. Ces Ă©lĂ©ments sont trop nombreux â ils sont infinis â pour ĂȘtre distinguĂ©s par la conscience consciente elle sâen trouve donc obscurcie. La conscience inconsciente qui supporte ce grand nombre peut ĂȘtre identifiĂ©e Ă la totalitĂ© de la personne incarnĂ©e, donc au corps vivant en tant quâil est esprit. Cette conscience inconsciente pourrait tout aussi bien ĂȘtre appelĂ©e vigilance gĂ©nĂ©ralisĂ©e. Entre vigilance restreinte et vigilance gĂ©nĂ©ralisĂ©e, il existe tous les degrĂ©s possibles de vigilance. Ce qui pourrait faire comprendre que lâon dĂ©finisse lâhypnose comme un Ă©tat modifiĂ© de conscience. Lâinduction de lâhypnose est le passage de la vigilance restreinte Ă la vigilance gĂ©nĂ©ralisĂ©e. Ce passage qui est toujours le fruit dâun accord ou dâune dĂ©cision du patient, est favorisĂ© par diverses techniques fixation du regard, attention portĂ©e aux diffĂ©rentes parties du corps, confusion, etc. et par lâĂ©tat de vigilance gĂ©nĂ©ralisĂ©e dans lequel se trouve le thĂ©rapeute. Câest par ces techniques et par cet Ă©tat que le thĂ©rapeute peut ĂȘtre dit user de suggestion. Le pouvoir du thĂ©rapeute a donc pour fondation la largeur et lâintensitĂ© de sa veille gĂ©nĂ©ralisĂ©e. LĂ oĂč les modifications opĂ©rĂ©es par lâexercice de lâhypnose peuvent ĂȘtre comprises comme la transformation de la rigiditĂ© des habitudes, enregistrĂ©es par lâesprit conscient, en souplesse et fluiditĂ© grĂące Ă lâexpĂ©rience de la complexitĂ© et de la force de la vigilance gĂ©nĂ©ralisĂ©e. Lâesprit inconscient met Ă la disposition du patient les nouvelles possibilitĂ©s et capacitĂ©s qui vont lui permettre de changer. Dans cette perspective, il est facile dâadmettre que lâhypnose puisse ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme thĂ©rapeutique. Elle est en effet capable de guĂ©rir certains troubles ou comportements nocifs contrĂŽle de la douleur, addictions, difficultĂ©s alimentaires, dysfonctionnements psychiques ou psycho-somatiques. Quelquâun, par exemple, voudrait bien ne plus fumer. Son passage par la vigilance gĂ©nĂ©ralisĂ©e lui permettra dâune part de mesurer et dâapprofondir le degrĂ© de sa dĂ©termination, dâautre part de prendre appui sur des forces et des intĂ©rĂȘts nouveaux quâil ne soupçonnait pas et qui rendent dĂ©risoire en comparaison le plaisir de la cigarette. Lâhypnose guĂ©rit alors parce que, modifiant le contexte dâune habitude, elle en dĂ©truit le ressort. Lâhypnose est aussi mĂ©dicale, au sens traditionnel du terme, car elle est une maniĂšre privilĂ©giĂ©e de dĂ©velopper certains aspects de cette pratique la prĂ©sence du thĂ©rapeute, son attention au patient, lâĂ©change entre patient et thĂ©rapeute. On sait que ces traits constituent le premier remĂšde et rendent possible lâefficacitĂ© des autres remĂšdes. MĂȘme si les mĂ©canismes de l'hypnose restent inexpliquĂ©s. son efficacitĂ© est aujourd'hui largement dĂ©montrĂ©e. Ce qu'il faut savoir sur cette technique ancienne dont on redĂ©couvre l'intĂ©rĂȘt majeur dans l'auto-guĂ©rison et l'Ă©tablissement d'un lien entre le corps et lâesprit. Les principales questions sur lâhypnose Dans ce climat de grande mĂ©fiance envers les gros laboratoires pharmaceutiques qui prĂŽnent le tout mĂ©dicament, depuis quelques annĂ©es, nous assistons au grand retour des mĂ©decines douces et thĂ©rapies dites parallĂšles comme lâhypnose cette technique thĂ©rapeutique plus que centenaire a le vent en poupe et engendre la multiplication des livres chez les Ă©diteurs, des forums sur Internet, et autres confĂ©rences⊠Les possibilitĂ©s multiples de lâhypnose sont redĂ©couvertes, tant par les thĂ©rapeutes, les psychologues et les mĂ©decins, que par le public ; et sa rĂ©putation auparavant sulfureuse Ă©tait en train de sâestomper. Voici en quelques questions-rĂ©ponses, lâessentiel de cette pratique qui semble mettre en jeu les capacitĂ©s les plus Ă©tranges de notre cerveau. Quâest-ce que lâhypnose ? Chaque spĂ©cialiste a sa propre dĂ©finition et aucune thĂ©orie ne fait autoritĂ©. Le phĂ©nomĂšne hypnotique est si complexe que les praticiens disent volontiers quâil y a, non pas une, mais plusieurs hypnoses. Une seule certitude ce nâest pas un Ă©tat de sommeil, mais un Ă©tat modifiĂ© de conscience EMC, comme le rĂȘve, la transe, la relaxation, les expĂ©riences mystiques, la mĂ©ditation⊠L'Ă©tat de transe hypnotique correspond Ă la modification de la vigilance normale qui nous permet habituellement de raisonner et de vivre au quotidien. Cette Ă©tat dispose de caractĂ©ristiques particuliĂšre oĂč dans un environnement monotone oĂč rien ne se passe, oĂč les stimuli sont peu intenses, notre cerveau se retrouve en manque dâinformations. Il se met alors Ă en produire lui-mĂȘme en puisant des images dans son inconscient. C'est un Ă©tat de rĂȘve tout en restant conscient. Contrairement Ă lâĂ©tat de vigilance normale, oĂč lâattention embrasse de nombreux centres dâintĂ©rĂȘt en mĂȘme temps et passe rapidement de lâun Ă lâautre, elle est concentrĂ©e, sous hypnose, sur un sujet beaucoup plus restreint. Câest ainsi que, progressivement, la personne hypnotisĂ©e oublie la rĂ©alitĂ© extĂ©rieure pour entrer dans une rĂ©alitĂ© intĂ©rieure gĂ©nĂ©rĂ©e par l'inconscient, mais quâelle vivra comme extĂ©rieure. La voix de lâhypnotiseur continue dâĂȘtre entendue, ses mots gĂ©nĂšrent un stimulus trĂšs particulier qui augmente le pouvoir de la suggestion. Celle-ci provoque alors des changements psychologiques ou physiologiques inhabituels disparition immĂ©diate de douleurs aiguĂ«s ou dâun eczĂ©ma, etc.. Pourquoi ? Comment ? Cela reste encore Ă ce jour un mystĂšre. Est-elle Ă©tĂ© prouvĂ©e scientifiquement ? Ses effets, oui. De nombreuses Ă©tudes ont montrĂ© quâune suggestion hypnotique entraĂźne des rĂ©ponses neuronales. Exemple L'Ă©tude clinique menĂ©e en 1997 par le Pr Stephen Kosslyn, du dĂ©partement de neurologie du Massachusetts General Hospital de Boston qui a prĂ©sentĂ© Ă un groupe de seize personnes une palette de couleurs Ă©chelonnĂ©es et une palette de dĂ©gradĂ©s de gris. Les rĂ©actions de leur cerveau Ă©taient enregistrĂ©es par un tomographie Ă Ă©mission de positrons. Lorsque, sous hypnose, on demandait Ă chacune de ces personnes de voir en couleurs la palette de gris, câĂ©tait lâaire occipito-pariĂ©tale, lâune des zones de reconnaissance des couleurs, qui Ă©tait activĂ©e > le cerveau avait donc rĂ©agi comme sâil voyait de la couleur Ă la place du gris, ce que demandait la suggestion. Comment se passe une sĂ©ance ? Dormez, je le veux ! Cette formule lĂ©gendaire est rĂ©servĂ©e au spectacle⊠PratiquĂ©e par un hypnopraticien, lâhypnose est dĂ©clenchĂ©e de maniĂšre progressive. Une sĂ©ance dure environ 45 minutes. AllongĂ© sur un divan, le sujet ferme les yeux ou fixe un point prĂ©cis dans la piĂšce. Assis sur une chaise Ă cĂŽtĂ© de lui, le thĂ©rapeute lâinvite Ă se dĂ©tendre. Câest la phase de prĂ©-induction. Certains professionnels utilisent un Ă©quipement sonore qui diffuse une musique apaisante, et parlent dans un micro dâune voix douce et monocorde. Ils proposent au sujet de se concentrer sur certaines zones du corps câest la phase dâinduction, qui lui permet de fixer son attention sur lui-mĂȘme. Une somnolence peut sâinstaller. Le praticien vĂ©rifie lâĂ©tat de la personne en lui demandant de lever une main ou de croiser les doigts. Si elle rĂ©pond Ă la demande, câest quâelle se trouve bien en Ă©tat dâhypnose. Ensuite, le praticien rĂ©pĂšte des suggestions, directes Votre douleur au bras disparaĂźt ou indirectes Vous ĂȘtes dans un endroit agrĂ©able. A la fin de la sĂ©ance, le sujet se rĂ©veille en douceur au terme dâun compte Ă rebours, pour retrouver le contrĂŽle de ses muscles et revenir Ă la rĂ©alitĂ© sans sensation de malaise. Puis, patient et praticien commentent la sĂ©ance. Exemple un homme vivant mal lâapproche de la retraite a retrouvĂ© sous hypnose le souvenir dâautres changements entrĂ©e Ă lâĂ©cole primaire ou secondaire, Ă lâuniversitĂ©, mariage, enfants, etc.. Avec le hypnopraticien, il va analyser ses rĂ©sistances, mais aussi les bĂ©nĂ©fices de ces changements pour construire un scĂ©nario idĂ©al » qui lui permettra dâeffectuer une transformation intĂ©rieure positive. Quelles sont les diffĂ©rentes techniques dâhypnose ? On distingue quatre catĂ©gories Traditionnelle Lâhypnotiseur joue un rĂŽle de premier plan, il dirige la sĂ©ance, prononce des suggestions directes injonctions, tandis que le sujet reste passif. Semi-traditionnelle Lâhypnotiseur, toujours au premier plan, Ă©met Ă la fois des suggestions directes et indirectes. Nouvelle Lâaccent est mis sur la personne et sur sa relation avec son praticien, par des Ă©changes, une communication. Ericksonienne Le sujet participe Ă sa mise en condition hypnotique. Le praticien utilise des mĂ©taphores pour que lâinconscient du sujet choisisse lui-mĂȘme les solutions de ses problĂšmes. Tout le monde est-il hypnotisable ? Selon lâĂ©chelle de suggestibilitĂ© hypnotique mise au point par lâuniversitĂ© de Stamford, 95 % dâentre nous sont hypnotisables dont 10 % en Ă©tat dâhypnose profonde, suels 5 % des patients sont rĂ©fractaires et on ignore encore pourquoi il nâa Ă©tĂ© vĂ©rifiĂ© Ă ce jour, aucune corrĂ©lation entre la structure de la personnalitĂ© et la suggestibilitĂ©. Quels sont les effets et remĂšdes ? En France, plus dâun millier de praticiens ont recours Ă lâhypnose. Dans certains cas, elle constitue l'intervention elle-mĂȘme, dans dâautres, elle facilite lâaction d'un mĂ©decin. C'est efficace pour LâarrĂȘt du tabac 80 % de taux de rĂ©ussite. Lâhypnose aide aussi Ă lutter contre les effets du sevrage LâexcĂšs de poids et la boulimie elle exerce un bon rĂŽle de soutien psychologique dans les cures dâamaigrissement. La lutte contre la douleur elle ne remplace pas lâanesthĂ©sie, mais peut la complĂ©ter et permettre de diminuer les doses de mĂ©dicaments. Elle est aussi de plus en plus utilisĂ©e en chirurgie dentaire. Les troubles psychologiques stress, phobies, nĂ©vroses, anxiĂ©tĂ©, mais aussi impuissance, frigiditĂ©, problĂšmes de trac, de mĂ©moire, etc. Les troubles digestifs ulcĂšres, colites ou diarrhĂ©es dus au stress. Les maladies psychosomatiques maladies de la peau eczĂ©ma, psoriasis, etc., spasmophilie, rhinites Ă rĂ©pĂ©tition, troubles de la voix et du chant, asthme. Les maladies chroniques graves, telles que le cancer. C'est inefficace pour La plupart des troubles psychiatriques graves, comme les dĂ©pressions aiguĂ«s, la schizophrĂ©nie. Le sevrage des drogues dures. Tout le monde est-il capable d'hypnotiser ? Oui. A condition d'ĂȘtre formĂ© aux diffĂ©rentes techniques. Certains hypnotiseurs sont plus douĂ©s que dâautres... Pour devenir un hypnopraticien sĂ©rieux, il faut avoir fait des Ă©tudes, câest-Ă -dire ĂȘtre dĂ©jĂ un professionnel Ă l'Ă©coute. Une formation en hypnose peut ĂȘtre suivie grĂące aux cursus proposĂ©s par les associations reprĂ©sentant les diverses Ă©coles. Peut-on s'hypnotiser soi-mĂȘme ? Oui. En fait, les professionnels affirment aujourdâhui que toute hypnose est une auto-hypnose, le vĂ©ritable pouvoir de transformation ou de guĂ©rison se trouvant dans lâesprit de la personne hypnotisĂ©e, et non dans celui de lâhypnotiseur. Il est donc tout Ă fait possible de sâauto-hypnotiser, mais ce nâest pas un exercice facile. Des guides pratiques et des cassettes audio pourront vous y aider. Dans un premier temps, le plus important est de mettre au point un rituel qui va amorcer le processus dâinduction sĂ©ance tous les jours Ă la mĂȘme heure, au mĂȘme endroit, avec le mĂȘme type de vĂȘtements, etc. ; ensuite, dâapprendre Ă se relaxer. Vous pouvez aussi enregistrer vos propres messages. Le praticien influence-t-il le patient ? Cette question est au centre de dĂ©bats passionnĂ©s. Depuis quelques annĂ©es, devant lâaugmentation faramineuse de cas dâincestes dĂ©couverts sous hypnose aux Etats-Unis, les spĂ©cialistes commencent Ă parler de syndrome des faux souvenirs, mettant en cause le rĂŽle de lâhypnotiseur. Quâen est-il ? En Ă©tat hypnotique, on peut se souvenir dâauthentiques Ă©vĂ©nements oubliĂ©s ou refoulĂ©s. On peut aussi, en hypnose profonde, voir apparaĂźtre des fantasmes comme sâil sâagissait dâĂ©vĂ©nements rĂ©els leur vĂ©racitĂ© est telle quâon ne peut les distinguer de vrais souvenirs, car notre cerveau a la possibilitĂ© de modifier ou de reconstruire un Ă©vĂ©nement. Il nây a donc, Ă ce jour, aucune rĂ©ponse dĂ©finitive ni sur la rĂ©alitĂ© des souvenirs dâabus sexuels, de vies antĂ©rieures, ou dâenlĂšvements extraterrestres dĂ©couverts sous hypnose profonde, ni sur lâinfluence de lâhypnotiseur par un phĂ©nomĂšne de transmission dâinconscient Ă inconscient, voire tĂ©lĂ©pathique⊠Peut-il se produire des accidents ? Non. On se rĂ©veille toujours quoi quâil arrive. Dâabord parce quâon ne dort pas ! Ensuite parce que, si aucune suggestion ne lâentretient, le fonctionnement hypnotique se dissipe de lui-mĂȘme. Quant Ă la prĂ©tendue influence nĂ©gative de certains hypnotiseurs, entretenue par le cinĂ©ma, elle relĂšve de la lĂ©gende aucun hypnotiseur ne peut vous forcer Ă faire quelque chose qui va Ă lâencontre de vos valeurs morales. Lâhypnose nâest pas un lavage de cerveau ! On ne rĂ©vĂšle pas ses secrets les plus intimes si on ne le dĂ©sire pas⊠Toutefois, pour Ă©viter les charlatans, adressez-vous Ă lâune des associations reconnues officiellement pour choisir votre hypnotiseur. Lâhypnose peut-elle soigner les maladies chroniques ? Certaines oui. Les acouphĂšnes, par exemple, des bourdonnements dâoreille contre lesquels la mĂ©decine reste impuissante. GrĂące Ă lâhypnose, il est possible de les effacer dans 60 % des cas, car une suggestion peut modifier lâactivitĂ© des commandes neurobiologiques responsables du fonctionnement de nos organes. Si vous dĂ©cidez, par exemple, en auto-hypnose, dâaugmenter la circulation du sang dans votre pied gauche, les vaisseaux sanguins vont se vasodilater sous lâeffet dâune transduction une transmission de lâinformation aux cellules. Lâhypnose permet, câest certain, dâinstaller une passerelle entre le corps et lâesprit, et dâactiver nos mĂ©canismes dâautoguĂ©rison. Dr GĂ©rard Arcas, mĂ©decin et chirurgien ORL, auteur de GuĂ©rir le corps par lâhypnose et lâauto-hypnose Ed. Sand. Pourquoi l'hypnose est si efficace sur le stress ? La gestion du stress est lâune des applications les plus demandĂ©es, avec lâanti-tabac et lâamaigrissement. On le sait, le stress peut engendrer de lâanxiĂ©tĂ©, des insomnies, ainsi que des Ă©tats dĂ©pressifs accompagnĂ©s de troubles somatiques. Lâhypnose est beaucoup plus efficace que dâautres techniques comme la relaxation simple, dâabord parce que son effet relaxant renforcĂ© par la voix et la prĂ©sence rassurante de lâhypnotiseur, diminue trĂšs rapidement lâimpact des agents stressants, quelle quâen soit lâorigine. Ensuite parce quâelle permet au sujet en Ă©tat hypnotique de lever lui-mĂȘme ses inhibitions. Par exemple, une jeune femme tĂ©tanisĂ©e Ă lâapproche dâun entretien dâembauche important et nâen dormant plus, alors quâelle savait avoir toutes les chances dâobtenir le poste, a revĂ©cu en hypnose un prĂ©cĂ©dent entretien oĂč elle avait trichĂ© sur son CV et avait Ă©tĂ© dĂ©couverte⊠AprĂšs avoir ensemble Ă©valuĂ© sa peur, et trouvĂ© son seuil adĂ©quat de stimulation/excitation de bon stress, elle pourras reconsidĂ©rer ce nouvel entretien d'embauche Ă venir comme un rite de passage, et non comme un jugement final. Sujets Ă©voquĂ©s dans cette page MĂ©decine douce, Hypnopole perpignan sud cabestany mĂ©dipole, toulouse centre ville place wilson, paris 15e arrondissement quartier grenelle, france par skype ou visioconfĂ©rence sĂ©ances en cabinet et Ă distance, centre expert spĂ©cialiste en hypnothĂ©rapie ericksonienne, traitement du stress, du burn out, du syndrome post-traumatique, post traumatique, anxiĂ©tĂ©, anxiete, dĂ©pression post traumatique, dĂ©prime, choc psychologique, psychothĂ©rapie, guĂ©rir une dĂ©pression, traitement du dĂ©pressif, tempĂ©rament anxieux, peurs, peur, angoisses, angoisse, pensĂ©es irrationnelles, renforcement de l'Ă©go, bilan de compĂ©tence, peur panique, peur irrationnelle, crises de panique, troubles anxieux, phobies, agoraphobie, phobie, Claustrophobie, Peur des espaces confinĂ©s, CancĂ©rophobie Peur du cancer, Blemmophobie Peur du regard des autres, Autophobie Peur de la solitude, Aviophobie Peur de prendre l'avion, Agoraphobie Peur des espaces publics et, par extension, de la foule ; plus gĂ©nĂ©ralement, des espaces oĂč la fuite est rendue difficile foule, mais aussi lieux dĂ©serts, Achluophobie Peur de l'obscuritĂ© et du noir, AĂ©rodromophobie Peur de l'avion, des voyages en avion, et autres phobies la liste est longue.
Aperçudu corrigé : Peut-on prétendre à une science de l'inconscient ? Corrigé de 678 mots (soit 1 pages) directement accessible . Sujets connexes : l'inconscient n'est-il qu'une conscience obscurcie ? Les lacunes de la conscience justifient-elles l'existence de l'inconscient ? (Problématique et textes) Peut-il y avoir une science de l'inconscient? La
La plupart des souffrances humaines sont inutiles. Elles se forment, par ce que lâesprit superficiel gouverne notre vie. La souffrance que nous ressentons en ce moment est toujours une forme de non-acceptation, une forme de rĂ©sistance inconsciente Ă ce qui est. Au niveau de la pensĂ©e, la rĂ©sistance est une forme de jugement. Sur le plan Ă©motionnel, câest une forme de nĂ©gativitĂ©. La souffrance varie en intensitĂ© en fonction de notre rĂ©sistance au moment prĂ©sent, et cela, Ă son tour, dĂ©pend de lâintensitĂ© avec laquelle nous nous identifions Ă notre esprit. Lâesprit cherche toujours Ă nier et Ă Ă©chapper au prĂ©sent. Annonce En dâautres termes, plus nous nous identifions Ă notre esprit, plus nous souffrons. Ou encore, plus nous respectons et acceptons le PrĂ©sent, plus nous nous libĂ©rons de la douleur, de la souffrance et de lâesprit. Pourquoi lâesprit a-t-il lâhabitude de nier ou de rĂ©sister au Maintenant ? Parce quâil ne peut pas fonctionner et garder le contrĂŽle sans ĂȘtre associĂ© au temps, Ă la fois passĂ© et futur, et donc il voit le prĂ©sent intemporel comme menaçant. En fait, le temps et lâesprit sont insĂ©parables. Imaginez la Terre sans vie humaine, habitĂ©e uniquement par des plantes et des animaux. Pixabay Y aurait-il encore un passĂ© et un futur ? Est-ce que les questions quelle heure est-il ? » ou quel jour sommes-nous aujourdâhui ? Ă un sens Ă un chĂȘne ou Ă un aigle ? Je pense quâils seraient intriguĂ©s et rĂ©pondraient Bien sĂ»r que on est maintenant. Câest maintenant. Quây a-t-il dâautre? » Il ne fait aucun doute que nous avons besoin de lâesprit et du temps, mais dĂšs quâils prennent le contrĂŽle de nos vies, des problĂšmes, des souffrances et des chagrins surgissent. Pour sâassurer quâil garde le contrĂŽle, lâesprit travaille tout le temps pour cacher le moment prĂ©sent avec le passĂ© et le futur. Ainsi, la vitalitĂ© et le potentiel crĂ©atif infini du Soi, qui est insĂ©parable du Maintenant, sont obscurcis par le temps et notre vraie nature est obscurcie par lâesprit. Annonce Nous souffrons tous dâignorer ou de nier chaque moment prĂ©cieux ou de le rĂ©duire Ă un moyen de rĂ©aliser quelque chose dans le futur, quelque chose qui nâexiste que dans nos esprits, et jamais dans la rĂ©alitĂ©. Le temps accumulĂ© dans lâesprit humain contient beaucoup de souffrances dont lâorigine est dans le passĂ©. Si vous ne voulez pas crĂ©er plus de souffrance pour vous-mĂȘme et pour les autres, ne crĂ©ez pas plus de temps, ou du moins pas plus quâil nâest nĂ©cessaire pour faire face aux aspects matĂ©riels de votre vie. Comment arrĂȘter de crĂ©er » du temps ? Avoir une conscience profonde que le moment prĂ©sent est tout ce que vous avez. Faites-en dĂšs maintenant lâobjectif principal de votre vie. Si auparavant vous Ă©tiez obsĂ©dĂ© par le temps et que vous faisiez des visites rapides au prĂ©sent, inversez cette logique, fixez-vous au prĂ©sent et faites des visites rapides au passĂ© et au futur lorsque vous avez besoin de gĂ©rer les aspects matĂ©riels de votre vie. Dites toujours oui » au moment prĂ©sent. Quoi de plus insensĂ© que de crĂ©er une rĂ©sistance intĂ©rieure Ă quelque chose qui existe dĂ©jĂ ? Quoi de plus insensĂ© que de sâopposer Ă la vie elle-mĂȘme, qui est maintenant et toujours maintenant ? Abandonnez-vous Ă ce qui est. Dites oui » Ă la vie et voyez comment cela change les choses. Eckhart TollĂ© Voir plus Article prĂ©cĂ©dent On peut ĂȘtre une femme Ă©panouie cĂ©libataire ou sans enfant a dĂ©clarĂ© Jennifer Aniston Article suivant Vous voulez bien faire dans la vie ? DĂ©veloppez votre intelligence Ă©motionnelle ClĂ©ment a toujours Ă©tĂ© trĂšs empathique et possĂšde de grandes capacitĂ©s d'Ă©coute, lorsque les gens ont besoin de conseils dans leurs relations, c'est toujours vers lui qu'ils se tournent.
Linconscient. 1. Quelle est la langue de lâinconscient ? (58 min) Lacan Ă©tait un vĂ©ritable moulin Ă paroles, mais ce n'est pas sa faute disait-il : "Une fois que vous ĂȘtes entrĂ© dans la roue du moulin Ă paroles, votre discours en dit toujours plus que ce que vous nâen dĂźtes". Alors, la langue parlerait Ă notre place ? Qu'est-ce que
Introduction Le mot "inconscient" et le mot "connaissance" semblent antinomiques. Ce qui est inconscient est ce qui Ă©chappe Ă la conscience et donc ce qui Ă©chappe Ă toute possibilitĂ© de connaissance. Mais la question, telle qu'elle est formulĂ©e suppose qu'on pourrait connaĂźtre l'inconscient, non pas directement, mais indirectement. Nous nous demanderons dans un premier temps ce qu'est l'inconscient, puis si l'on peut connaĂźtre l'inconscient et enfin quel intĂ©rĂȘt il y a Ă connaĂźtre l'inconscient. 1. Qu'est-ce que l'inconscient ? La notion d'inconscient remet en cause la conception classique d'un homme maĂźtre de lui grĂące Ă sa conscience. Lâhomme serait au contraire dĂ©terminĂ© par des forces obscures, auxquelles il ne pourrait pas avoir accĂšs. Pour Descartes, l'esprit s'identifiait avec la conscience, avec la pensĂ©e claire et distincte. On pouvait avoir accĂšs, par la conscience, Ă tout ce qui se passe en nous, sans possibilitĂ© d'erreur. DĂšs le XVIIĂšme siĂšcle, bien avant Freud, un contemporain de Descartes, Leibniz, a rĂ©pondu Ă Descartes que cette conception du psychisme humain est insuffisante. Pour Leibniz, contrairement Ă Descartes, on ne peut pas rendre compte du psychisme, et mĂȘme du comportement en gĂ©nĂ©ral, sans reconnaĂźtre l'existence de pensĂ©es inconscientes. On n'a pas accĂšs Ă tout ce qui se passe en nous. La pensĂ©e n'est pas toujours pensĂ©e consciente nous pensons toujours mais nous n'avons pas conscience de toutes nos pensĂ©es. Freud Ă©labore le concept dâun inconscient, instance Ă la fois psychique et distincte de la conscience, qui a ses propres structures et ses propres lois de fonctionnement et dâaction. Dans ce qu'il appelle la "topique" reprĂ©sentation spatiale du psychisme humain, Freud compare l'appareil psychique Ă une maison Ă trois Ă©tages. Ces trois parties conscient, prĂ©conscient, inconscient dans la premiĂšre topique/ moi, surmoi, ça dans la seconde se distinguent l'une de l'autre et possĂšdent leurs propres contenus et lois de fonctionnement, le plus souvent en conflit. Pour Freud, l'inconscient est l'ensemble des dĂ©sirs les plus primitifs, souvent sexuels, qu'ils soient refoulĂ©s ou originaires, constitutifs de tout homme. En gĂ©nĂ©ral, on dit que ce sont des dĂ©sirs refoulĂ©s dans l'enfance qui le constituent. Ce qui est nouveau, c'est que l'inconscient freudien est "agissant" il est dotĂ© d'une Ă©nergie qui le pousse vers le haut, et de rĂ©sistance formĂ©e par des conflits continus, et a un contenu propre des dĂ©sirs refoulĂ©s. C'est donc une entitĂ© rĂ©elle. Le concept d'inconscient s'enrichit donc il n'est plus seulement un rĂ©servoir de "contenus" Ă©chappant Ă la conscience. Ces contenus sont dotĂ©s d'une signification, ils sont acceptables ou non par la conscience, et donc, "refoulĂ©s" par la conscience dans l'inconscient. L'inconscient a donc acquis, par rapport Ă la tradition classique, un sens positif lieu psychique qui a ses contenus reprĂ©sentatifs spĂ©cifiques, une Ă©nergie et un fonctionnement propre. Ce n'est pas latent, mais "interdit de citĂ©" c'est ce que la conscience ne veut pas savoir, et cela, parce que "ça" va contre nos valeurs morales. On ne peut donc pas y accĂ©der facilement. 2. Peut-on connaĂźtre l'inconscient ? L'inconscient n'est pas une chose, il n'est pas de l'ordre des phĂ©nomĂšnes directement observable. On ne peut donc pas, Ă proprement parler le connaĂźtre Ă la maniĂšre des phĂ©nomĂšnes qu'observent des sciences comme la physique, l'astronomie ou la biologie. L'hystĂ©rie, les lapsus, les actes manquĂ©s, les rĂȘves, tous ces comportements qui auparavant Ă©taient considĂ©rĂ©s soit comme banals, soit comme absurdes donc sans signification sont les moyens qu'a trouvĂ©s l'inconscient pour se faire entendre, pour s'exprimer. Par lĂ , on satisfait en quelque sorte symboliquement nos dĂ©sirs rĂ©primĂ©s. Mais lĂ oĂč l'inconscient se manifeste le plus, c'est la nuit pendant le sommeil. Alors, la censure laisse se manifester les contenus inconscients, qui font surface dans les rĂȘves. Comme le dit Freud dans Introduction Ă la psychanalyse, le rĂȘve est la voie royale qui mĂšne Ă l'inconscient. "le rĂȘve est la satisfaction inconsciente et dĂ©guisĂ©e dâun dĂ©sir refoulĂ©" satisfaction dĂ©guisĂ©e pour que justement la conscience en laisse Ă©merger des fragments plus ou moins nombreux et cohĂ©rents, dans lesquels elle ne reconnaĂźt pas ce quâelle avait dâabord refoulĂ©. DâoĂč cette satisfaction au rĂ©veil satisfaction liĂ©e au sentiment, Ă l'impression, d'avoir rĂ©alisĂ© un dĂ©sir, et dâavoir pu tromper la conscience. On peut donc connaĂźtre l'inconscient en analysant nos rĂȘves, en cherchant sous le contenu apparent, le contenu latent cachĂ© du rĂȘve. 3. Quel intĂ©rĂȘt y a-t-il Ă connaĂźtre l'inconscient ? L'enjeu est de nous inciter Ă rĂ©flĂ©chir honnĂȘtement sur la nature de nos dĂ©sirs et les vĂ©ritables motifs de nos pensĂ©es et de nos actions pour cesser de nous mentir Ă nous-mĂȘmes. Nous devons mettre de cĂŽtĂ© notre "amour propre" et abandonner "la bonne opinion que nous tenons Ă avoir de nous-mĂȘmes" pour regarder nos dĂ©sirs en face, non pas pour les assouvir systĂ©matiquement au dĂ©pens des autres, comme GygĂšs dans le mythe de Platon, mais pour faire en sorte que nos dĂ©sirs inconscients deviennent conscients. La connaissance de soi-mĂȘme, des souvenirs refoulĂ©s dans l'inconscient, la reconnaissance des pulsions inavouables du "ça" l'inconscient doivent nous aider en les nommant Ă exorciser nos dĂ©sirs en Ă©clairant leur provenance et Ă nous libĂ©rer des "monstres" qui sommeillent en nous. Freud oppose les "arguments logiques" et les "intĂ©rĂȘts affectifs" les arguments logiques, ce sont les raisonnements conformes Ă la raison, au bon sens ; les intĂ©rĂȘts affectifs, ce sont les dĂ©sirs profonds, les Ă©motions, les sentiments. Selon Freud, les arguments logiques ne peuvent rien contre les intĂ©rĂȘts affectifs. Ce point de vue rejoint celui de Spinoza dans l'Ethique la raison ne peut rien contre le dĂ©sir, mais seulement un dĂ©sir plus fort. La dĂ©faite de la raison face aux passions et au dĂ©sir vient de l'opposition entre le "principe de rĂ©alitĂ©" et le "principe de plaisir"... Le principe de plaisir a toujours tendance Ă l'emporter sur le principe de rĂ©alitĂ©. On peut vĂ©rifier la justesse de ce point de vue dans le domaine de la passion amoureuse et dans celui des passions nationalistes Ă©voquĂ©es par Freud dans les ConsidĂ©rations actuelles sur la guerre et sur la mort, paru en 1915, durant la premiĂšre Guerre mondiale. Comme chacun sait "l'amour rend aveugle" "le cĆur a ses raisons que la raison ignore", dit Pascal et aucun raisonnement ne peut convaincre quelqu'un "qu'il a fait le mauvais choix" s'il est profondĂ©ment amoureux, car nos "choix" amoureux - on a tort de parler de "choix" quand c'est le dĂ©sir qui choisit et non la raison - dĂ©pendent bien souvent d'intĂ©rĂȘts inconscients sur lesquels les arguments logiques n'ont pas de prise. Cette prĂ©pondĂ©rance de la vie affective sur l'intellect, le fait, comme le dit Freud que la vie intellectuelle est entiĂšrement sous la dĂ©pendance de la vie affective justifie selon lui la pratique psychanalytique au niveau individuel pour dĂ©nouer les conflits entre le "moi" et le "ça" en aidant le patient Ă prendre conscience de ses motivations inconscientes. Mais Freud est Ă©galement prĂ©occupĂ© par les "nĂ©vroses collectives" comme les passions nationalistes qui sĂ©vissent autour de lui et dont il constate les effets destructeurs. A l'instar d'Emmanuel Kant dans son Projet de paix perpĂ©tuelle, Freud se demande s'il est possible d'Ă©viter la guerre et d'empĂȘcher les hommes de sombrer dans la barbarie. Au cours de la cure psychanalytique, on donne le nom de rĂ©sistance Ă tout ce qui, dans les actions et les paroles de lâanalysĂ©, sâoppose Ă lâaccĂšs de celui-ci Ă son inconscient. Par extension, Freud a parlĂ© de rĂ©sistance Ă la psychanalyse pour dĂ©signer une attitude dâopposition Ă ses dĂ©couvertes en tant quâelles rĂ©vĂ©laient les dĂ©sirs inconscients et infligeaient Ă lâhomme une vexation psychologique » vocabulaire de la psychanalyse. Freud dit que les propriĂ©tĂ©s essentielles de lâinconscient sont le refoulement opĂ©ration par laquelle le sujet cherche Ă repousser ou Ă maintenir dans lâinconscient des reprĂ©sentations pensĂ©es, images, souvenirs, liĂ©es Ă une "pulsion" et la pulsion processus dynamique consistant dans une poussĂ©e - charge Ă©nergĂ©tique, facteur de motricitĂ© qui fait tendre lâorganisme vers un but. Il y a des conflits entre conscience et inconscient, les contenus inconscients cherchant Ă sortir pour reparaĂźtre Ă la conscience, et la conscience y oppose la force de son refus. Jacques Lacan, disciple de Freud et principal reprĂ©sentant de la psychanalyse en France, insiste sur la rĂ©sistance de l'analyste et parle de la rĂ©sistance comme d'un refus de jouer le jeu de l'analyse. La notion de "rĂ©sistance" est fondamentale dans le processus psychanalytique, avec la notion de "transfert". La rĂ©sistance et le transfert ont d'abord Ă©tĂ© perçus de maniĂšre nĂ©gative par Freud lui-mĂȘme car ils semblaient empĂȘcher la cure d'avancer ; Freud a compris par la suite que ces deux phĂ©nomĂšnes Ă©taient inĂ©vitables car liĂ©s au fonctionnement-mĂȘme de la psychĂ© et aux rapports entre le moi et le ça et pouvaient contribuer au processus de guĂ©rison, l'obstacle pouvant se muer en instrument thĂ©rapeutique la rĂ©sistance, ainsi que la dĂ©nĂ©gation Verneinung ou le dĂ©ni qui est une forme de rĂ©sistance particuliĂšre, permet de cerner le complexe dont elle est le symptĂŽme, au mĂȘme titre que les rĂȘves, les actes manquĂ©s et les lapsus. Freud donne l'exemple d'un "homme intelligent" qui est sous l'emprise de la passion amoureuse ou nationaliste. L'amour est une force positive, un puissant auxiliaire au service de la vie, mais il peut aussi obscurcir notre jugement et se muer en passion destructrice. Il est bon d'aimer son pays, mais non de dĂ©tester les autres. Lors du dĂ©roulement de la cure psychanalytique, l'analyste va se heurter Ă la "rĂ©sistance" de l'inconscient les dĂ©sirs refoulĂ©s d'un homme intelligent qui souffre d'une passion de ce genre car il ne veut pas que soit mis au jour les "vraies raisons" qu'il a d'agir et de penser comme il le fait. En effet, notre inconscient est fonciĂšrement conservateur et n'a pas envie de changer. Cependant, le sujet peut rĂ©ussir, avec l'aide de l'analyste, Ă lever la rĂ©sistance, au bĂ©nĂ©fice de son intelligence et de sa facultĂ© de comprendre, en laissant parler l'inconscient par la mĂ©thode des "associations libres", par exemple en Ă©voquant un souvenir d'enfance ou un rĂȘve. La dimension Ă©thique de la psychanalyse Freud n'a pas fait l'apologie de l'irrationnel, et des "forces obscures" de la libido et de l'instinct de mort dont il se mĂ©fiait comme de la peste et dont il avait prĂ©dit les ravages prĂ©sents et Ă venir. HĂ©ritiĂšre de la "Haskala" judaĂŻsme des LumiĂšres, la psychanalyse est une volontĂ© de faire Ă©merger le sujet, ce n'est pas une descente Ă la cave, mais une montĂ©e vers la lumiĂšre "Wo Es war, soll Ich werden." "LĂ oĂč c'Ă©tait, je dois advenir" "Partout oĂč/ Chaque fois qu'/ il Ă©tait inconscient, un Ă©lĂ©ment doit parvenir Ă la conscience du Moi. "Es ist Kulturarbeit wie die Trockenlegung der Zuydersee."... "C'est un travail de civilisation, comme l'assĂšchement du Zuydersee.", ajoute Freud. La connaissance de soi-mĂȘme, des souvenirs refoulĂ©s dans l'inconscient, la reconnaissance des pulsions inavouables du "ça" l'inconscient doivent nous aider en les nommant Ă exorciser nos dĂ©sirs en Ă©clairant leur provenance et Ă nous libĂ©rer des "monstres" qui sommeillent en nous. Conclusion L'inconscient n'est pas un phĂ©nomĂšne observable. On ne peut donc pas le connaĂźtre directement Ă la maniĂšre des phĂ©nomĂšnes qu'observe ou que crĂ©e la science dans les laboratoires. Le type d'expĂ©riences que l'on peut faire n'est pas reproductible et on a pu dire que l'inconscient ne relevait pas du savoir, mais de l'interprĂ©tation. Pourtant, des phĂ©nomĂšnes comme les rĂȘves les lapsus, les actes manquĂ©s montrent qu'il y a en nous une dimension cachĂ©e qui Ă©chappe Ă notre conscience. ConnaĂźtre cette dimension cachĂ©e et agissante qui influence notre vie affective est un enjeu majeur.
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